mardi 19 février 2013

☼Le choix☼.


Déroraugue:

Les fêtes de Noël étaient passées et les cours avaient recommencé. Chanty était assidue, mais aussitôt qu'elle le pouvait, elle s'éclipsait en douce. Elle avait trouvé comment sortir de Poudlard en cachette et elle ne se privait pas pour emprunter un passage secret qu'elle ne devait sûrement pas être la seule à connaître. Pourtant, elle ne le dévoila à personne, pas même à ses amis, hormis Déforaugue, car ses escapades étaient essentiellement afin de le rejoindre pour des expéditions en forêt, pour flâner ensemble ou, encore, pour passer du temps avec Hugo, qu'elle apprenait à connaître et à apprécier.
Ce soir-là était une de ses soirées de fuite et, lorsqu'elle arriva sur la route de Préaulard, leur lieu de rendez-vous, elle courut vers lui et lui sauta au cou, comme elle avait l'habitude de faire, l'embrassant sur la joue.

«Salut, tu as passé une belle semaine au ministère?» Elle se suspendit à son bras en souriant. Plutôt taciturne, il mit sa main sur la sienne.

«Bonsoir!»

Puis, il l'entraîna silencieusement vers la taverne du vieux hibou. Ils prirent place au fond de la salle, sur une banquette, l'un face à l'autre. Ils étaient devant un verre de jus de citrouille et discutaient de tout et de rien, lorsque la rouquine vit que son ami n'avait pas l'air bien. Il n'était pas bavard…enfin…moins que d'habitude et ne répondait que par monosyllabe. Assise en face, elle se pencha et croisa ses mains sur la surface lisse, ne touchant pas le rouquin.

«Qu'est-ce que tu as ce soir, Défo? Il se passe quelque chose?»

Le roux regardait dans son verre, perdu dans ses pensées, puis finit par prendre la parole.

«Mia et moi, c'est fini!»

Net et concis!  La rouquine n'en fut pas surprise! Voilà quelques temps, elle était dans la grande salle en train de lire la gazette du sorcier, lorsqu'elle avait lu le décès de Satanel Sadame, le Serpentard avec qui elle avait discuté à la gare boréal. La blonde, à la lecture de la nécrologie, s'était enfuie de la grande salle un bon moment. Chanty en avait déduit que ses deux-là avait été plus que proches. Miadalla avait-elle été amoureuse de Satanel? Elle le croyait, sinon pourquoi sa séparation d'avec Défo maintenant?

La rouquine ne savait pas trop quoi dire. Elle avait ressenti de la compassion pour l'ex copine du rouquin sur le moment. Par la suite, elle avait été en colère contre elle de faire de la peine à son ami, mais en même temps, elle n'avait pu s'empêcher d'être heureuse de cette séparation. Miadalla n'était pas la femme qu'il fallait à Déforaugue, elle le savait, elle. Ses pensées étaient bien sûr guidées par la jalousie, elle n'aimait pas voir le roux avec elle. À chaque fois qu'elle les voyait s'embrasser, elle baissait les yeux avec un pincement au cœur. Elle devait bien l'admettre, elle ressentait plus qu'une simple amitié envers son meilleur ami, à son grand dam. Elle avait bien essayé de chasser ce sentiment, le sachant non partagé, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Qui pouvait bien s'intéresser à elle de toute manière?! Elle, la rouquine avec un bras plus court.  Ses complexes la rendaient mal à l'aise envers la gente masculine depuis son altercation avec Thybalt et elle ne s'imaginait pas qu'un garçon puisse s'intéresser à elle. Pourtant, elle avait tellement à donner!

Même si elle était heureuse de cette séparation, Chanty était triste de voir Défo si malheureux. Elle lui prit la main et il serra très fort la sienne.

«Je suis désolée pour toi, Défo, je sais que tu l'aimais profondément.»

Rien d'autre. Elle avait compris depuis un bon moment que les long discours ne plaisaient pas à son ami, mais que seuls les gestes lui étaient importants. Ils demeurèrent ainsi quelques minutes, sans en être gênés ni l'un ni l'autre, et Chanty eut le désir de lui changer les idées.  Elle lui parla donc de son projet, discuté voilà quelque temps avec l'infirmière.

«J'ai décidé de faire quelque chose pour mon bras. Dans le monde moldu, ce n'était pas possible, mais ici, avec la magie, je peux le faire.»

Déforaugue la regarda avec méfiance, oubliant sa peine durant quelques minutes.

«Il faut que tu fasses attention. La magie n'est pas un jeu et tu n’es encore qu'une novice en la matière.»

La rouquine éclata alors de rire avant de poursuivre.

« Mais non voyons, que vas-tu croire là! J'ai parlé avec l'infirmière de Poudlard, et elle m'a dit d'aller voir le médicomage à Ste-Mangouste. Elle croit qu'il pourra sûrement faire quelque chose pour moi. Je suis impatiente d'y aller, tu te rends compte, je ne serai plus une handicapée!»

Elle était emballée par ce projet et elle croyait sincèrement que cela changerait sa vie. Le rouquin, par contre, semblait voir cela d'un autre œil.

«Tu ne crois pas que cela peut être dangereux? Et si ce n'était pas possible? Comment réagirais-tu? Ne fonde pas trop d'espoir, la magie est une chose puissante, et si ça tournait en catastrophe?»

Chanty se rembrunit aux paroles de son ami.

«Défo! Comment peux-tu dire une chose pareille! Je suis sûre que si cela est impossible ou dangereux, le médicomage ne me fera pas cette opération. Tu n'aimerais pas me voir…normale?»

«Mais tu es normale! Ne dis pas de conneries!», dit-il, exaspéré de la voir ainsi. Il n'avait jamais compris la manie qu'avait la rouquine de se dénigrer de la sorte! Pour sa part, c'était bien le dernier de ses soucis son bras plus court, ce que constata la jeune femme avec tristesse. Mais elle avait ce projet à cœur et ne voulait pas se fâcher avec Déforaugue. Aussi, elle laissa tomber le sujet et dévia la conversation sur les études. Ils papotèrent de tout et de rien durant quelques heures, puis ce fut le temps de revenir à Poudlard.
Défo paya leurs consommations et ils se levèrent et prirent congé de l'auberge. Ils marchaient sans se presser sur le chemin de Préaulard, en silence, dans la nuit étoilée et sans nuage. La douceur du temps ne les encourageait pas à faire vite et, bras dessus bras dessous, ils avançaient mollement, profitant des derniers instants.
Une fois devant la cabane hurlante, Chanty se tourna vers son ami et se serra contre lui, entourant sa taille de ses deux bras et posant la tête sur sa poitrine.

«Tout s'arrangera tu verras, laisse-toi du temps et tu guériras, mais si tu as besoin de moi, je serai là promis, d'accord?»

Le roux entoura les épaules de son amie et la serra bien fort, répondant ainsi, silencieusement, à ses dires. La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa sur la joue, le cœur battant, avant de se détourner et de prendre le chemin de la cabane hurlante.

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 Hugo:
Durant l’un de ses soirs de fuite, Chanty se retrouva sur la route de Préaulard, par un soir de veille de pleine lune. Le ciel était clair, les étoiles brillantes et le temps était doux pour la saison. Elle attendait là, toute seule, piétinant nerveusement le carrelage de la route. Tout à coup, deux mains se glissèrent sur ses yeux et une voix susurra à son oreille.

«Devine qui c'est?»

La rouquine sursauta, le cœur battant, et prit les mains du possesseur de cette voix en riant de son rire doux et grave.

«Hugo! Tu m'as fait peur, quelle idée d'effrayer les gens comme ça!»

Le brun éclata de rire, fit le tour de la jeune femme et, presque timidement, l'embrassa sur la joue.

«Pardon, c'était trop tentant.»
«C'est pas drôle! On est à la veille de la pleine lune»

Ses paroles étaient sévères, mais son regard brillait. Elle glissa son bras sous le siens et lui fit un sourire angélique.

«Alors? Tu m'emmènes où?», demanda-t-elle les yeux pétillants.
«Hum! J'avais pensé aller au vieux hibou, mais la nuit est si douce pour la saison que j'ai décidé de t'emmener faire un pique-nique.» Son sourire était lumineux et ses yeux noisette étaient tout aussi brillants.

La rouquine était heureuse de ne pas aller au vieux hibou, non pas que c'était ennuyant, mais, de temps à autre, un changement était bien apprécié.
Et en parlant de changement, Chanty décelait quelque chose de différent dans l'attitude d'Hugo. C'était indéfinissable et subtil, et elle était incapable d'analyser ce changement. Elle le suivit, se laissant conduire par les pas du brun, marchant bras dessus bras dessous, tout en discutant allègrement, sans souci.

Hugo la conduisit sur un terrain vague, pas très éloigné du vieux hibou. La nuit était douce et étoilée, mais un peu en retrait, dans une espèce de renfoncement d'une bute, la place était éclairée. Plus ils avançaient, plus Chanty était intriguée. Qu'elle ne fut pas sa surprise au tournant du petit chemin sommaire! Le jeune homme avait préparé la place d'une façon tout à fait charmante et romantique.
Des chandelles, une cinquantaine pas moins, flottaient dans le vide, diffusant une lumière douce et colorée. Au centre du périmètre reposaient une couverture immense, des coussins soyeux et confortables, une bouteille de vin, deux coupes et un large panier de pique-nique  attendant que l'on profite d'eux en cette si belle nuit. La rouquine fut impressionnée. Hugo avait fait des efforts considérables afin que ce moment fut agréable, mais pour la première fois depuis qu'ils se voyaient, l'ambiance était autre qu'amicale.

«Voilà votre palace pour ce soir, mademoiselle Chanty Bopassant…j'ai pensé que cela te plairait.», dit-il avec une pointe de timidité.
«Oh! Hugo, l'endroit est magnifique!» Heureusement que la lumière n'était pas trop claire, il aurait vu la rougeur sur ses joues et le trouble que tout ceci lui inspirait.

Ils prirent place sur les coussins et le brun ouvrit la bouteille de vin et leur remplit une coupe à chacun. Chanty avait 16 ans, n'était pas encore majeure, mais bientôt elle le serait, dans quelques semaines en fait. Aussi, une coupe n'était quand même pas la mer à boire. Elle la prit et ils trinquèrent.

«Chanty, tu es magnifique ce soir», dit Hugo, les yeux dans sa coupe.
La rouquine rougit du compliment. Elle portait, ce soir, une nouvelle robe que sa mère lui avait fabriquée. Elle avait compris que sa fille changeait, devenait une jeune femme, et les robes médiévales plus courtes avaient remplacé les longues, avantageant la beauté de la jeune femme et la faisant paraître plus grande. Le style commençait également à changer. Le médiéval se modifiait légèrement vers le style gitan. Sa mère la connaissait bien, et ses créations suivaient l'évolution de sa fille. Sa tenue était vert émeraude, comme ses iris remplis d'étoiles.

Baissant la tête sur sa coupe, elle dit en bafouillant : «Merci! Hu…Hugo, tu as fait des efforts ce soir...pourquoi cette si belle surprise?» Son cœur battait la chamade et un trouble l'envahit.
«Bien, heu!... Non, rien, j'avais envie de te faire plaisir…» Assurément, il avait autre chose à dire, mais il n'osait pas se lancer et Chanty, dans sa naïveté, ne comprenait pas, ou n'osait comprendre pourquoi le brun se comportait comme cela. Aucun garçon ne s'était intéressé à elle depuis son arrivée dans le monde magique, et elle n'osait pas vraiment se dire que Hugo la voyait peut-être autrement que comme une bonne amie avec qui il aimait passer un peu de temps.

Elle lui sourit, taquine. «Pour une surprise, elle est très réussie. Merci beaucoup, je passe un très bon moment.» Avisant le panier de pique-nique, elle eut un regard gourmand. «Et si on jetait un coup d'œil à ce que tu as préparé pour nous?»

Hugo acquiesça et ouvrit le panier en osier. Il en sortit les victuailles, qu'il déposa sur la petite nappe les séparant l'un de l'autre. Il y avait du poulet froid, du fromage, des raisins, du jus de citrouille et des cerises juteuses. La rouquine en avait l'eau à la bouche et le regard brillant, car elle devait bien se l'avouer, elle avait un solide appétit et ce festin de roi était très prometteur. Heureusement que cela ne dérangeait pas sa silhouette, bien au contraire. En vieillissant, ses courbes devenaient voluptueuses et sa taille s'affinait. Sa lourde chevelure allongeait et, sans même s'en rendre compte, elle devenait une très jolie femme. Mais de cela, elle n'avait pas conscience.
Ils mangèrent leur repas tout en discutant tranquillement. L'ambiance était légère et taquine et la soirée se passa comme sur des roulettes. Hugo et Chanty s'entendaient si bien, c'était dommage qu'ils ne puissent se voir plus souvent. Mais à chaque fois, c'était la fête et le cœur de la rouquine battait toujours un peu plus.
La soirée terminée, ils ramassèrent les restes du pique-nique, nettoyèrent la place pour la remettre dans l'état où elle était et prirent la route de Poudlard.
Marchant lentement, retardant le temps de la séparation, leur discussion continuait allègrement. Mais une fois arrivée à l'endroit secret, complice de ses fuites, Hugo retourna Chanty vers lui. Il se passa la main dans ses cheveux longs, à la base de son cou, signe qu'il était mal à l'aise.
Mais qu'avait-il? Elle était sur le point de se retourner vers l'entrée dissimulée, lorsque le brun l'arrêta dans son geste, la prit dans ses bras et lui planta un baiser sur ses lèvres surprises.

«Heu! Je t'aime beaucoup Chanty!» Et pouf! Il s'était retourné et avait pris la poudre d'escampette, la laissant plantée-là, abasourdie.

Elle faillit se tromper de chemin tellement elle fut troublée par ce baiser, et c'est le cœur battant encore à tout rompre qu'elle rentra sous sa couette.
Incapable de dormir, elle repensait à ses escapades nocturnes, qu'elle partageait entre Déforaugue et Hugo, et son cerveau fonctionnait à vive allure. Chaque fois qu'elle les voyait l’un ou l’autre, son cœur s'emballait. Se pouvait-il qu'elle soit amoureuse des deux garçons? Elle aimait la présence des deux hommes à ses côtés. Chacun à leur façon, ils lui apportaient beaucoup. Son cœur se serra! Elle avait mis une croix sur Déforaugue, mais maintenant qu'il n'était plus avec Miadalla, cela changeait la donne. Hugo était simple et agréable, d'un caractère enjoué. Déforaugue était solide et sérieux. Deux caractères très différents avec qui elle se sentait à l'aise, deux hommes très beaux. Le brun aux cheveux longs attirait beaucoup Chanty, mais elle craquait pour les oreilles du rouquin. Il n’en demeure pas moins que, pour elle,  tous les deux étaient forts, beaux et, le plus important, ils la prenaient comme elle était…enfin, de ce qu'ils savaient d'elle.
Elle eut un mouvement d'impatience, le sommeil la fuyait comme la peste. Qui choisir? Qui était le mieux pour elle?
Se retournant sous les couvertures, elle se mit les mains sur ses oreilles, comme si toutes les paroles qui vrillaient son cerveau venaient de l'extérieur.
Elle finit par s'endormir d'un sommeil agité, peuplé de rêves étranges où apparaissaient en tête d'affiche, les deux hommes qui faisaient battre son cœur.

Hugo?...ou Défo…?
Défo?...ou Hugo…?

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