mardi 11 décembre 2012

☼Noël☼


Noël:

Le temps s'écoulait lentement, Chanty venait d'avoir 16 ans et Noël approchait à grands pas. Sa mère lui avait écrit et, bien sûr, elle lui avait envoyé un paquet cadeau avec, à l’intérieur, une sublime robe de bal. *Ah! Elle a eu vent du bal de Noël à ce que je vois !*
La rouquine était assise sur son lit du dortoir des filles de Gryffondor et ouvrit le paquet. Ce qu'elle trouva à l'intérieur la ravit. Était couchée sur un lit de feuille de soie, une splendide robe de soirée de style bustier, bleu royal. La rouquine eut un soupir de bonheur, passant ses doigts caressants sur le tissu diaphane, et eut une petite exclamation ravie en voyant la très large ceinture de tissu doré. Sa mère avait le chic pour la rendre jolie et Chanty lui en fut infiniment reconnaissante. Elle avait même fait fabriquer une jolie paire de ballerines assorties à sa magnifique tenue, digne des plus belles princesses de ce monde. Presque religieusement, elle sortit le tout qu'elle rangea soigneusement dans sa petite penderie personnelle, et referma la porte, un sourire aux lèvres. Ne lui restait qu'à se trouver un cavalier pour la fête de Noël.

Tari entra dans le dortoir avec, elle aussi, un paquet sous le bras. Comme Chanty précédemment, elle ouvrit son paquet, qui contenait une jolie robe rose à frou-frou avec les chaussures qui complétaient le tout.

«Regarde, ma mère l'a achetée pour le bal de Noël, elle est belle n'est-ce pas?», dit-elle avec un air rêveur.

La rouquine sourit, heureuse pour son amie, et répliqua, tout en ouvrant les portes de son placard :

«Elle est magnifique en effet. Ma mère aussi m'a envoyée une tenue, par contre, c'est elle qui l'a fabriquée… Kritos t'as invitée pour le bal?»
Avec une petite moue, Tari répondit mi-figue mi-raisin.

«Si, nous y allons tous les deux.»
«Je me trompe ou tu n'es pas très enchantée d'y aller avec lui…ça ne va pas vous deux?»
«Nous nous disputons de plus en plus, tu sais, on essaie bien de recoller les pots cassés, mais…enfin! Je crois que…plus ça va, moins on a envie de passer du temps ensemble et, quand on y est, la plupart du temps, cela se termine par une dispute.»

Chanty vint s'assoir sur le lit de son amie et prit ses mains dans les siennes.

«Oh! Tari! Tu m'en vois désolée. J'avais bien remarqué à la rentrée que ça n'allait pas fort entre vous, mais j'étais loin d'imaginer que c'était à ce point-là! Peut-être que le bal sera un renouveau pour vous deux, tu sais, avec la magie de Noël!»

Elle ne savait pas trop quoi lui dire pour lui redonner le sourire. Elle-même n'avait encore jamais eu de petit ami, alors donner des conseils n'était pas trop de son ressort. Elle fit une accolade à la demi-elfe et celle-ci s'enquit aussitôt avec un petit clin d'œil taquin, oubliant ses propres soucis.

«Et toi? Tu y vas avec quelqu'un? Un garçon t'as déjà invitée peut-être?»

La Gryffondor haussa les épaules.

«Non, pas encore, mais il reste encore quelques semaines quand même, j'ai bon espoir qu'un gentil prince m'emporte à ce bal sur son cheval blanc.»

Un rire doux et grave accompagna sa tirade chevaleresque et faussement naïve. C'était son premier bal et elle était tout excitée à cette idée, espérant un cavalier qui la ferait danser et avec qui elle aurait des affinités et qui, peut-être, pourrait devenir aussi un gentil petit ami.
Chanty avait 16 ans et elle n'avait jamais eu d'histoire de cœur, trop prise par ses études moldues, qu'elle avait désiré terminer avant de venir dans ce monde magique. Elle ne le regrettait pas oh! Non! Mais, cela l'avait rendue un peu solitaire et peut-être aussi un peu retardée dans ses relations humaines. Par certains côtés, elle était très mature, mais de l'autre, elle demeurait tout de même très naïve pour son âge.
Les deux jeunes filles papotèrent ainsi durant un temps indéterminé, toutes à la joie de cette fête, rêvant de féérie magique. Elles finirent par se coucher, mais discutèrent encore un bon bout de temps.  Les autres filles, exaspérées, grognèrent et elles se turent enfin pour sombrer dans un sommeil profond.

Plus le temps avançait, plus les couples se formaient en prévision du bal de Noël, et Chanty n'avait encore reçu aucune invitation. La joie qu'elle avait s'estompait peu à peu au fil du temps qui passait. Un soir, alors qu’ils étaient tous réunis dans la grande salle, elle fit le tour des garçons qu'elle connaissait. Chez les Gryffondors, il y avait Benjamin, son préfet. Il allait au bal avec sa petite amie Cassandra, Kritos était avec Tari, qui semblaient se disputer, encore discrètement, les autres étaient sans intérêt, trop jeunes ou déjà accompagnés. Elle jeta alors un regard vers Miadalla. Elle aussi avait son cavalier…Déforaugue, bien évidemment. Elle lui avait également montrer sa robe et, malgré le pincement au cœur, elle avait félicité la petite blonde.
Avec un soupir, elle regarda à la table des Poufsouffle. Étrangement, elle ne connaissait personne, Ah! Oui! Une en fait, Émilia, la petite amie de Tabris. Son regard bifurqua alors sur la table des Serpentard. Tabris…Hum! Non! Certainement pas, même s'il avait été tout seul…Thybalt non plus, trop jeune, trop détestable, trop de compétition entre eux. Instinctivement, elle cacha son bras plus court sous la table. Elle s'en était fait un complexe depuis son altercation avec le polack.  Satanel? Non, il ne la regardait même pas alors…Et enfin, Leroy. Celui-ci se leva soudain de sa table, comme s'il avait senti son regard sur lui, et se dirigea vers la table des Gryffondor. Avec un petit bon de son cœur, Chanty le vit s'asseoir à ses côtés. Elle rougit de la boutade qu'il lui donna gentiment, et une discussion s'ensuivit. Peut-être que lui l'inviterait…se dit-elle avec un léger tiraillement dans son bas ventre.

«Alors, Chanty, quoi de neuf? Tes cours se passent bien?»
«Hum hum! Très bien même, je crois que s'il y avait des cours avancés, j'y participerais, je m'ennuie un peu, mais je ne me plains pas, je réussis bien. Et toi? Tout va comme tu veux?»
«Mouais, tu le sais bien, les Serpentards sont les meilleurs…»

Apparemment, il était dans sa passe hautaine. Leroy avait plusieurs facettes de sa personnalité. Tantôt amical et jovial, tantôt hautain et même un peu dédaigneux des autres. Mais Chanty commençait à le connaître et ne se formalisait plus de ces détails. Il était comme ça et c'est tout. Mais il n'était jamais très méchant avec elle et, peu à peu, elle apprivoisait le grand blond. Ils discutaient depuis un bon moment déjà, et la rouquine n'avait toujours pas eu d'invitation. Gênée, regardant son verre de jus de citrouille, elle finit par aborder le sujet presque timidement.

«Heu! Tu vas au bal de Noël Leroy?»
«Pour sûr que j'y vais, j'ai même une cavalière, tu la vois là-bas, à ma table? C'est Selenka! Et toi, tu viendras aussi? Tu as un cavalier?»
«Heu! …N…on, je n'ai pas de cavalier.» Rougissante, proche du cramoisi, honteuse, elle avait baissée la tête, cachant son visage de sa tignasse rousse. Le Serpentard se leva en riant, inconscient de la tristesse qui avait envahi son amie, et lui ébouriffa les cheveux, comme à une gamine.

«Bah! Va sûrement y avoir un beau garçon boutonneux pour te conduire au bal, va! Ne t'inquiète pas. Allez, je retourne à ma table. A plus, Gryffondor!»

La rouquine le regarda partir et le suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle le vit se pencher sur la jeune porcelaine qu'était Selenka, cette petite beauté russe, froide et mesquine qu'elle n'aimait pas. Apparemment, la Gryffondor était trop handicapée pour plaire à un garçon, autre qu'un gamin sans intérêt selon Leroy. Du moins, c'est ce qu'elle s'imaginait! Son regard fut attiré vers la table des Serdeigle, sur Samboléro mais, tristement, la jeune fille se souvint qu'il ne serait pas là, il allait dans sa famille durant les vacances.

Le grand jour arriva enfin! Tous étaient fébriles et avaient hâte de prendre le train, afin de se rendre dans la région boréale, où se donnaient les festivités et le bal de Noël. Dans la tour des Gryffondor, plus spécialement dans le dortoir des filles, une ambiance exaltée régnait. Les filles piaillaient et tournoyaient dans leurs jolies robes, sauf Chanty. Elle était devant la glace de sa penderie, habillée, maquillée et prête pour une soirée de rêve…en solitaire. Elle était magnifique pourtant dans sa robe. La couleur faisant ressortir sa lourde chevelure rousse, la large ceinture de tissu, qui descendait en une traine derrière, cintrait sa taille amincie et le bustier de sa robe mettait en valeur sa poitrine généreuse. Le seul hic était l'air triste de la rouquine dans la glace. Personne ne l'avait invitée et elle serait seule parmi les couples joyeux. Tari vint sautiller près d'elle et la Gryffondor, ne désirant pas qu'on la voit triste et déconfite, accrocha un sourire sur ses lèvres et feignit la joie de vivre.

«Tarii! Tu es sublime dans cette robe. Elle te va à ravir!»
«Merci Chanty, et toi, tu es une vraie femme du monde! Tu es prête? J'ai hâte d'y être!»

«Bah! Les femmes du monde, ça a bien l'air qu'elles vont au bal toute seules», se dit la rouquine. Bien sûr, rien de ses pensées ne transparaissait sur son visage faussement joyeux. Elle se détourna du miroir et prit une résolution. Tant pis! Elle irait toute seule et s'amuserait. Elle n'avait pas besoin d'un cavalier, elle était une grande fille après tout. De plus, elle ne serait sûrement pas la seule à ne pas être accompagnée, du moins, elle l'espérait. La *loose*, si c'était le cas…
L'heure était venue de partir et les filles sortirent du dortoir pour retrouver leurscavalier respectif. Chanty les laissa toutes sortir et referma la porte derrière elle. Le train les attendait.

Noël 2010



Le voyage en train se passa sans heurts. Le brouhaha et les discussions allaient bon train, mais Chanty restait silencieuse. En fait, elle s'était pris de la lecture. Elle n'était pas  fan des BDs, mais Mythes & Légendes l'avait accrochée dès le premier chapitre et elle attendait les nouvelles parutions avec impatience, harcelant presque sa mère de la lui envoyer dès sa sortie. Oui, parce que M&L était une BD moldue, quelle surprise si l'auteur apprenait que les vampires et les Loup-garou et autres créatures mythiques existaient vraiment! Cette simple pensée la fit sourire en tournant la dernière page. Elle finit par refermer le livre avec un petit sourire en coin, pour s'apercevoir qu'ils étaient arrivés à bon port. Elle regarda autour et vit que tous ses amis étaient déjà sortis du train, l'ayant oubliée avec sa BD. Elle sourit et rangea celle-ci dans son petit sac à main magique, et sortit du train, refermant son manteau d'hiver et attachant son foulard frileusement malgré le temps quand même assez doux de cette belle journée d'hiver.

http://www.amilova.com/fr/BD-manga/9176/mythes-et-l%C3%A9gendes/chapitre-16/page-1.html
               
Posant le pied à terre, elle eut tôt fait de voir que la navette était déjà partie avec une flopée d'élèves excités par la fête qu'on avait préparée pour l'occasion. Haussant les épaules, la rouquine se dit simplement qu'elle attendrait la prochaine. Le train repartit et la Gryffondor se retrouva seule parmi les inconnus de la gare boréale. N'étant pas de nature inquiète, elle s'approcha d'un banc pour s'y asseoir à côté d'un jeune homme qu'elle ne reconnut pas de prime abord. Lorsqu'il tourna la tête vers elle, elle reconnut Satanel Sadam, un Serpentard à la beauté sombre, cheveux longs noir et rouge et un air de mauvais garçon.

«Bonjour,  Satanel, n'est-ce pas? Je suis Chanty, tu me reconnais? On a des cours ensemble». Il fit signe que oui.

Son visage ne semblait pas froid. Mais perturbé... Quelque chose avait dû se passer pour lui. Il la détailla des pieds à la tête et la jeune femme rougit de cette inspection qui eut l'air, par contre, d'avoir l'appréciation du jeune homme. Il prit alors la parole.

« Tu vas au bal, je présume ? », l’interrogea-t-il en plongeant ses pupilles mauves dans les émeraudes de Chanty.

«Oui, en effet, je m'en vais au bal...s’il y a une autre navette bien sûr, sinon je devrai m'y rendre à pieds…enfin, si je trouve le chemin et ne me perds pas en route, je risque de me retrouver à danser avec des fantômes, des gobelins ou encore perdue dans la neige, on va me retrouver en un gros bloc de glace.

La jeune fille voyait bien que quelque chose tracassait le jeune homme et elle essayait, assez maladroitement, de lui changer les idées...Quoique...avec sa chance légendaire, cela pourrait bien arriver pour de vrai. Satanel ne sembla pas surpris de sa destination, mais après tout, quoi de plus normal, il devait bien être là pour les même raisons, du moins, c'est ce que supposait la rouquine. Il sourit d'une étrange façon, qui mit Chanty assez mal à l'aise, un sourire  ironique mêlé d'une certaine noirceur qu'elle ne sut analyser sur le coup. Le Serpentard avait tourné son regard vers le ciel, regardant les flocons qui tombaient doucement, avant de se retourner vers elle une autre fois, un sourire en coin.

« Au moins, dis-toi que l'on saura à peu près où se trouve ton corps, vu que nous nous serons croisés ici.. Il est vrai que l'endroit est très mal indiqué et que s'y perdre n'est pas chose difficile...»

Il avait continué, plus sérieusement sans doute, du moins c’est ce que pensa la jeune femme, ses réflexions.
Satanel montrait là  un certain pessimisme, peut-être parce que la jeune fille était de Gryffondor ? Parce qu'il la croyait trop naïve pour se sortir seule d'un endroit comme celui-ci? Qui sait...
 Son regard se fit plus persistant  tout à coup et il lui demanda abruptement.

«Pourquoi tu es seule? Tu n'es tu pas venue avec ton cavalier ? Du moins, si tu en as un, cela va de soi...», fit-il sans gêne aucune.
Chanty éclata de rire aux dires du jeune Serpentard. Elle le regarda attentivement au risque de paraître impolie; elle trouvait ce jeune homme intéressant. D'allure taciturne, il pouvait quand même avoir un humour très fin.

«Merci beaucoup, je suis en sécurité avec toi (rire grave et chaud), mais je suis réputée pour mon humeur joyeuse et non pour mon intelligence. Et non, je n'ai pas de cavalier, je suis trop…étrange pour ces messieurs ça a bien l'air…»

La Gryffondor riait d'elle-même avec modestie.

«…et tant que je ne tombe pas sur quelqu'un de mal intentionné, même perdue, cet endroit doit être magnifique!»

La jeune fille sourit quand même un peu tristement en pensant aux autres qui, pour la plupart, étaient accompagnés ou avaient déjà un petit ami. Elle haussa les épaules, ce qui fit se réveiller son oiseau confortablement niché dans son cou. Elle le caressa doucement tout en demandant au mystérieux jeune homme :

«Et toi? Tu en arrives du bal, ou tu en repars?»

La jeune fille était un peu curieuse, un trait de son caractère, mais elle avouait humblement que cela ne plaisait pas à tout le monde. Pourtant, son naturel chaleureux sembla plutôt le faire sourire, oh! Certes, un pâle sourire, mais c'en était tout de même un. Il eut même un sourire malicieux à l'une de ses paroles. Il se pencha sur la rouquine et susurra, mielleux :

«De mal intentionné... certes, mais qui te dit que la personne qui se trouve en face de toi ne l'est pas ?...

Sa voix suave semblait avoir pris exprès une teinte légèrement menaçante... Chanty sourit d'un sourire radieux à Satanel, elle n'était pas dupe, il ne voulait pas lui faire de mal, elle le sentait et, d'habitude, elle pouvait se fier à son instinct qui ne la trompait que très rarement.
Le regard du jeune homme se fit de même, puis il reprit une distance normale sur le banc et s'accorda un doux rire. Sans doute avait-il voulu lui faire une peur et observer sa réaction. Il finit par répondre à sa dernière question, regardant de nouveau vers le ciel.

«Oh non, je n'en reviens pas... A vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je suis venu ici...»

Il semblait plutôt amer pour un jeune homme de son âge, la quinzaine, comme elle. Il continua sur sa lancée.

«Ça ne m'intéresse pas à vrai dire... Sûrement est-ce trop futile à mon goût...
«Futile? En voilà des paroles de vieil homme! Mais j'avoue que je peux comprendre. Je me suis demandé moi-même si j'irais vu que je suis seule, mais j'avais déjà fait faire une robe par ma mère, ça aurait été dommage de ne pas la porter»
«En effet, il eut été dommage de ne pas se montrer avec une si jolie robe. Tu te feras certainement inviter à danser durant la soirée, moi je reprends le train pour aller…ailleurs.»

Un souffle de vent passa, qui lui donna des frissons et balaya des mèches de ses cheveux roux au visage du jeune homme. Elle s'excusa en ramenant sa chevelure vers elle, mais il avait eu le temps de s'emparer d'une de ses mèches et de la porter à ses lèvres. La Gryffondor rougit de ce simple geste, mais ne dit rien, la navette arrivait et elle n'eut plus l'occasion de répondre à sa dernière parole. Elle se leva debout, resserra son manteau et se tourna vers Satanel une dernière fois.

«Je te souhaite un joyeux Noël Satanel, on se revoit en cours.»
«Au revoir Chanty, danse bien pour moi»

Ce fut la première et dernière fois qu'elle eut une conversation avec le Serpentard, elle apprit plus tard qu'il s'était suicidé.

                                                                                   ***


Dans la navette se trouvait déjà l'infirmière de l'école, qui accompagnait les élèves jusqu'à la fête de Noël, histoire qu'ils ne fassent pas de bêtise en chemin. Chanty s'assied à ses côtés. En fait, elle était la dernière à prendre la navette. L'infirmière lui sourit, indulgente.

«Ça va, Chanty? Je me demandais où tu étais passée, si tu ne t'étais pas mise en tête de partir à pieds.»
«Oh! Non, je me suis un peu trop attardée en sortant du train.» Hésitante, elle changea abruptement de sujet.
«Mademoiselle, je me demandais…heu!...vous savez, mon bras…je me demandais si…s'il y avait une possibilité pour moi de…»
«De faire repousser ton bras?», finit-elle à la place de la rouquine.
Chanty eut un air surpris. Elle n'aurait jamais pensé que l'infirmière pouvait savoir, pouvait même se douter que la Gryffondor était complexée de son bras depuis son altercation avec ce stupide Serpentard prétentieux.

«Heu! Oui, c'est cela…dites-moi, est-ce possible?»
«Oui, c'est possible, mais c'est très douloureux et ce n'est tout de même pas certain. Le mieux que tu as à faire, c'est d'aller voir le médicomage de l'hôpital, il t'examinera et pourra te dire si oui ou non c'est possible.» Le ton de sa voix était plutôt rassurant, même si la réponse n'était pas à 100% favorable.
«D'accord, j'irai le voir…»

Elle n'en dit pas plus, mais elle espérait sincèrement que ce fut possible. Vivre une vie normale était son seul souhait. Le reste du trajet se fit dans le silence le plus complet, mais sans malaise. La neige tombait et, plus ils avançaient, plus le temps changeait étrangement. Il faisait de plus en plus chaud et, pourtant, la neige, la glace, tout était toujours aussi gelé et blanc. C'était ça le monde magique, la féérie de l'hiver avec une température permettant d'être à l'aise sans être habillé de son manteau d'hiver. Chanty l'enleva et le rangea dans son petit sac à main magique, ainsi que son écharpe et ses gants.
Elles étaient enfin arrivées et son accompagnatrice avait eu le tact de ne pas lui demander si elle était accompagnée. Il était clair pour tout le monde savait maintenant que Chanty était seule pour la soirée. Descendant de la navette, l'infirmière lui souhaita une bonne soirée et s'éclipsa pour retrouver les professeurs de Poudlard et d'autres adultes que la rouquine ne connaissait pas. Mais elle ne le vit pas, tout à son émerveillement de voir le spectacle qui se déroulait devant elle.
C'était le soir, le ciel était chargé de nuage où tombaient de gros flocons de neige, mais ils n'atteignaient pas la zone de fête, semblaient stoppés par un charme magique, faisant un dôme sur la zone. Des petites fioles renfermant multitudes de lumières de toutes les couleurs, flottaient dans l'air ambiant, ainsi que des décorations de Noël. Au centre de la place trônait un immense sapin décoré, illuminé, et rempli de cadeaux, reposant sous sa jupe et où semblait y sortir la musique de la soirée. Presque tout Poudlard s'y trouvait mais aussi, ce qui sembla à la Gryffondor, le ministère également. La rouquine s'avança, vraiment impressionnée par tout ce qu'elle découvrait, et se dirigea vers la foule dansante.
Elle fit le tour de ses amis, discutant par ci par là avec les uns et les autres et termina avec Tari et Kritos. Mais elle ne resta pas très longtemps avec eux, ils se disputaient…encore, et Chanty, mal à l'aise, finit par les laisser seuls.
Elle se résolut en fait à aller plus loin. La fête battait son plein et tous ses amis s'amusaient et dansaient. Elle les regarda un long moment et finit par s'asseoir sur une chaise, un  peu lasse. Elle n'aurait pas dû venir, elle s'en rendait compte maintenant, elle était seule et même si ses amis l'intégraient dans leur groupe, ils étaient en couple et eurent tôt fait de tous disparaître dans des coins plus tranquilles. Elle avait bien cherché Déforaugue, mais apparemment, il n'était pas de la fête. Elle soupira. Vraiment, ce n'était pas son soir!
Aussi, la rouquine plongea la main dans sa chevelure et en ressortit avec Inis, qui était bien au chaud. Le posant sur ses doigts, elle le caressa doucement et lui fit faire quelques exercices, qu'il effectua avec adresse. Elle lui avait enseigné à réagir à deux petites musiques, sifflée selon la gravité de l'envoi de lettre, l'un était pour les urgences et l'autre pour les envois normaux. Son petit perroquet était bon, il avait compris ce que voulait lui enseigner Chanty et elle était contente de son petit oiseau. Il avait frôlé la mort, mais il s'en était sorti.

La soirée avançait et la rouquine en avait vraiment marre d'être seule. Elle se leva de son siège, Inis retourné contre son cou protégé de son abondante chevelure flamme, et se mit à la recherche de l'infirmière, pour lui demander de faire venir la navette qu'elle quitte au plus vite cette fête mortelle. Elle la chercha une bonne dizaine de minutes sans la trouver et son humeur commençait à s'en ressentir sérieusement. Elle se retourna d'un bond afin de partir à la recherche de quelqu'un qui consentirait à la transplaner ailleurs qu'ici, lorsqu'elle se prit le pied dans un trou qu'elle n'avait pas vu. Elle se tordit la cheville et faillit tomber si ce n'était d'un obstacle rencontré avant qu'elle ne tombe au sol. Son cri de douleur fut bref et la surprise marqua son visage.

«Holà! Gente dame, faut regarder où vous marchez!», dit la voix d'homme.
«Bah! Ouais, dites que je l'ai fait exprès!» La colère se percevait dans la voix de Chanty, son caractère de feu en éruption.
L'homme éclata de rire et répliqua, peu impressionné par son caractère explosif, «Par le slip de Merlin, c'est qu'on est une vrai tigresse!»

La rouquine leva alors un regard furibond vers le jeune homme qui la tenait dans ses bras. Il était assez grand et bien bâti, les yeux noisettes et une chevelure longue et brune, qui brillait sous les lumières colorées de la place. Il était habillé, comme elle, à la manière moldue, très classe sans être d'un chic extra. Il était bel homme, car oui, c'était un jeune adulte, environ une vingtaine d'années pas plus. Aussitôt, elle se calma. Elle était plutôt confuse et sa cheville enflée lui faisait mal maintenant, trop serrée dans son soulier. Celui-ci sembla d'ailleurs se rendre compte de la situation et de la douleur de la Gryffondor et, aussitôt, il souleva la rouquine dans ses bras pour la porter vers un siège, sous les gesticulations outrées de la jeune femme.

«Non, mais vous allez me poser par terre, je ne suis pas impotente que je sache!»
«Calmez-vous, mademoiselle la furie, je veux juste regarder votre cheville, pas vous agresser»

Chanty se calma de nouveau, confuse et désolée de son propre comportement. Une fois assise, elle remercia le jeune homme, gênée et rouge comme une pivoine.
«Pardon, je suis impolie, mais la soirée a été éprouvante!»
«Ne vous en faites pas, pour moi aussi, elle n'a pas été ce qu'elle aurait dû être. Je me présente, Hugo Luchador, pour vous servir. Mademoiselle?»
Il s'inclina devant elle avec un sourire malicieux et la rouquine fit de même. «Chanty Bopassant. Enchantée, Monsieur Luchador.»
«Hugo…appelez-moi Hugo, vous semblez blessée, laissez-moi regarder cela.» Il s’empressa de l’examiner avec douceur. Il prit sa cheville, souriant devant la grimace de douleur de la jeune femme, prit sa baguette et lui lança un sort de soin. Immédiatement, la douleur diminua et l'enflure également.
«Merci beaucoup, je suis désolée de vous avoir bousculé, je suis très maladroite.»
«Mais soyez maladroite quand vous voulez tout près de moi, mademoiselle»

Chanty rougit de plus belle, elle n'était pas habituée à tant de compliments, déguisés ou pas. Elle garda la tête baissée, mais un petit sourire traînait sur ses lèvres. Ils discutèrent ainsi encore une bonne heure. La soirée tirait finalement à sa fin et, lorsqu'il fut le temps de partir, Hugo l'accompagna dans la navette, puis dans le train, aussi loin qu'il lui était permis de le faire. Ils se dirent au revoir avec promesse de s'écrire.

Une fois revenue à Poudlard, elle fut soignée pour sa cheville par l'infirmière et, lorsqu'elle fut au lit, dans son dortoir, elle se dit que, finalement, cette soirée de Noël ne s'était pas si mal passée après tout.