Chanty
arriva dans la grande salle un bon soir de pleine lune, peu après la rentrée scolaire.
Il faisait bon dehors mais, comme la coutume le voulait quand l'astre était
plein, tout le monde se devait de rester à l'intérieur. La rouquine se dirigea
vers sa table, la maison des Gryffondor, et elle s'asseoya à côté de son amie
Tari, Kritos n'étant pas visible.
«Salut…Je
vois que le repas n'a pas encore été servi, j'arrive à temps. Comment as-tu
trouvé le cours de métamorphose?»
«Salut
Chanty, non, tu arrives juste après le discours de Dumbledore, le repas ne va
pas tarder. Oh! Le cours de méta!...Bof! Ce n'est pas mon truc.»
La
demi-elfe ne semblait pas dans son assiette, aussi la jeune gryffondor s'en
inquiéta.
«Qu'est-ce
que tu as, Tari? Tu t'es encore disputée avec Kritos?»
«…Je
l'ai quitté…»
«Oh!
C'était si grave que ça, ces disputes, je ne me doutais pas, je suis désolée
pour toi!»
«Ça
va, c'était prévisible après l'été pourri que nous avons passé. Nous ne faisions
que retarder et retarder le moment fatidique. M'enfin, c'est moi qui ai pris la
décision, mais même si j'en suis soulagée, je me sens coupable, car je sais
qu'il m'aime encore, ce qui n'est pas mon cas.»
Chanty
mit son bras autour des épaules de la petite blonde en un geste de réconfort.
«Ça
va lui passer, laisse-lui le temps. Il comprendra que c'était la meilleure
chose à faire.»
«Ouais,
peut-être!»
Elles
ne purent continuer leur discussion, la porte de la grande salle s'ouvrait de
nouveau et Jack, un nouvel élève de Gryffondor, entra pour venir s'asseoir avec
elles. Les deux jeunes filles le saluèrent et la conversation dériva sur le
nouveau venu durant quelques minutes. Puis, le repas fut servi, mais la
rouquine n'eut pas le temps de prendre sa fourchette que la porte s'ouvrit
encore et Déforaugue entra d'un pas traînant. C'était clair qu'il ne s'était
pas encore remis de sa rupture et qu'il aurait préféré se retrouver ailleurs,
plutôt qu'ici, mais voilà. Il avait été engagé afin de prodiguer les cours
d'arts martiaux, discipline moldue bien appréciée de beaucoup de sorciers dont
Chanty.
La
jeune femme s'attendait à le voir aller vers la table des professeurs, mais à
sa grande surprise, il vint à son ancienne table…les Gryffondor, et prit place
à côté de la rouquine.
Assis
côte à côte, ils auraient presque pu passer pour frère et sœur, tous deux
rouquins aux yeux verts émeraude et avec des taches de rousseur sur le visage.
Mais là s'arrêtait la ressemblance. Chanty était petite alors que lui était
grand. Le rouquin avait une particularité que la jeune femme n'avait pas
également, des oreilles pointues, signe appartenant à son sang de demi-gobelin.
Lui
non plus n'allait pas très bien en ce moment et sa main sous la table qui
chercha celle de la rousse le lui prouva. Il avait évité le coin de la table,
où était assise Miadalla et celle-ci l'avait ignoré. Il avait besoin de
quelqu'un pour l'aider et elle était tout naturellement cette personne. Elle
oublia son amie, qui était en grande conversation avec Jack, et elle se
concentra sur Déforaugue. Elle avait appris à le connaître depuis un bon
moment, et elle savait que les paroles étaient inutiles avec lui. Il n'était
pas bavard, mais ils avaient appris à se comprendre, à demi-mot, avec des
regards. Son cœur se serra de le voir ainsi. Elle aurait préféré le voir
heureux avec Miadalla et renoncer à lui à jamais plutôt
que de le voir malheureux de cette façon. Aussi, elle serra sa main très fort
et ses émeraudes lui lancèrent un message de réconfort. Il serra à son tour sa
main et, dans ses yeux, elle put lire un message de remerciement.
Durant
cette discussion silencieuse, la porte de la grande salle s'ouvrit de nouveau
pour laisser passer Leroy et Selenka, Tabris et thybalt, tous des Serpentard en
retard, et Chanty répondit à leur salut d'un signe de la main et d’un sourire,
mais ignora royalement Thybalt et Tabris. C'était chaud entre eux, encore et
toujours. La rouquine détestait qu'on la prenne de haut et qu'on se moque
d'elle, que ce soit à cause de son bras, de sa maison ou simplement parce
qu'elle était joviale et douce.
Puis,
Tari vint à la rescousse en venant faire un bisou sur la joue du rouquin,
amicale et joyeuse, ce qui offrit une diversion momentanée pour le jeune homme.
Ils discutèrent tous les trois des cours de potions, qu'ils affectionnaient
tout particulièrement et le début de soirée fut une diversion à la tristesse de
ses deux amis. Tari et Défo finirent par avoir un sourire sur leurs lèvres, ce
qui enchanta Chanty. Elle n'aimait pas voir les gens malheureux autour d'elle.
Puis
Camille arriva…
Camille
était la cousine de Déforaugue du côté de sa mère. Elle s'approcha, petite
blonde étrange, et conversa un peu avec eux.
«Camille
est contente de te voir, Déforaugue.»
Et
oui! La jeune fille était du même âge que Chanty ou presque et parlait d'elle
toujours à la troisième personne, mais elle était très gentille. La rouquine
avait fait sa connaissance l'année dernière et, malgré qu'elles ne se parlaient
pas très souvent, n'étant pas de la même maison puisque Camille était une
serdeigle, les deux jeunes femmes s'entendaient très bien. Chanty l'aimait
beaucoup. Finalement, l'ancien élève était entouré de jolies jeunes femmes,
malgré son état de tristesse apparente, et la conversation allait bon train.
L’horloge
de la grande salle sonna neuf coups. Dehors, l’obscurité recouvrait le monde
des sorciers, mais la lune, ronde et pleine, éclairait les divers sentiers
presque comme en plein jour. Le souper
était presque terminé et il serait bientôt temps pour les élèves de retrouver
leur dortoir respectif.
Soudain,
un grand vacarme se fit entendre dans le Grand Hall. La porte de la grande
salle s'ouvrit avec fracas.
Certains
étaient attentifs. Ils purent ainsi entendre des grognements puissants et du
verre brisé, suivi bientôt des cris des élèves présents. Certaines personnes
purent même voir, depuis la porte entrouverte de la Grande Salle, une immense
silhouette noire et terrifiante passer devant. Une ambiance soudain glacée
envahit l'atmosphère, mais non pas de la même façon que les Détraqueurs,
c'était bien plus bestial…c'était un lycan.
Une
panique générale envahit la grande
salle, l'animal se ruant sur tout ce qui bougeait. Aussitôt, Déforaugue changea
d'attitude. Il se leva de la table, droit et sûr de lui, se positionnant en
chef de bande immédiatement.
Il
se tourna vers les filles et ordonna à toute la table :
«Pas
de mouvements brusques, les Gryffondor, je vous propose de vous diriger
lentement vers la salle de duel en restant sur vos gardes.»
Il
se tourna vers les autres tables, avisant les plus vieux de ses émeraudes,
semblant demander s'ils étaient prêts au combat. Il cria alors :
«Pas
d'attaques, si Raph…s'il vient sur vous, tentez des sortilèges de paralysie
uniquement.»
Dans
son mouvement très lent, il attrapa la main de Tari et celle de Chanty espérant
les mettre à l'abri avant que ça ne dégénère, gardant un œil sur les réactions
des professeurs. Ceux-ci paniquaient tout autant que les élèves, le lycan
griffant au passage ceux qui couraient dans tous les sens, attirant, par le
fait même, l'animal vers eux. Les enfants qui ne s'étaient pas rués vers la
sortie tombaient comme des mouches. La rouquine, pour sa part, eut un instant
de panique, mais lorsque son ami la prit par la main, elle se sentit en
sécurité et plus calme. C'était important de ne pas courir dans tous les sens,
mais ils ne devaient pas rester là, de cela elle était sûre. Ayant maintenant
du courage, transmis par la main plus chaude que la normale pour un humain,
Chanty repéra la porte de la salle de duel. Elle n'y avait encore jamais mis
les pieds, mais la pièce était soudainement la plus importante de sa vie. Sa
petite main gauche dans celle de Défo, qui avait pris sous sa coupe le petit
groupe, et sa baguette dans l’autre, la rouge et or semblait assurée mais au
fond, tremblait de tous ses membres. La jeune fille était quand même prête à
riposter si l’animal fonçait sur eux. Tenant bien fort la main du rouquin, ce
qui lui donna du courage, elle attendit que le jeune homme se déplace pour en
faire autant avec des pas feutrés et la baguette bien levée, prête à agir.
Heureusement
que la salle des duels était proche de leur table, ils purent ainsi l'atteindre
sans alerter la bête qui continuait à courir dans tous les sens, évitant les
attaques de part et d'autres de la grande salle. Bien évidemment, la question
se posait. Comment ce lycan avait-il pu entrer dans l'école? Qui était-il? Défaurogue avait crié de ne pas
essayer de le tuer et à raison, car malgré tout, un loup-garou était, pour la
plus grande partie du mois, un homme ou une femme comme les autres. Donc, il
fallait le capturer afin qu'il ne puisse faire plus de mal qu'il ne l'avait
déjà fait. Et c'est bien pour cela que les professeurs essayaient plus de le
maîtriser plutôt que le tuer, ce qui n'était pas chose aisée vu la force de
l'animal.
Une
fois à l'intérieur de la salle des duels, ils purent reprendre leur souffle,
maintenant à l'abri, et penser à ce qu'il était bon de faire. Plusieurs n'avait
pas suivi, dont Kritos, et Tari était visiblement très inquiète pour lui malgré
leur rupture.
Chanty
vint prendre la main de son amie pour la réconforter.
«Ne
t'inquiète pas, il va arriver, tu verras.»
Comme
un écho, la porte de la pièce s'ouvrit et le Gryffondor entra en trombe.
«Le
lycan a réussi à se sauver, il court dehors maintenant.»
Tous
en étaient soulagés. Seuls la rouquine et l'ancien préfet plongèrent émeraudes
dans émeraudes d'un commun accord. Ils semblaient penser la même chose. Il fallait
le rattraper, mais comment? Jamais les professeurs ne les laisseraient sortir,
et ce, même en sachant que la jeune femme avait maintenant 16 ans. Mais elle
avait la tête dure et était très obstinée. Défo la regardait et fit non de la
tête, comme pour approuver les enseignants et la rousse haussa un sourcil, tout
en relevant la tête en signe de défi. *Non mon ami…si tu vas chercher cette
bête dehors, il est hors de question que je reste ici à me faire du mauvais
sang.*, semblait dire son regard. Le rouquin soupira et fit un petit signe de
tête assez sèchement, mais Chanty avait gagné, elle ne se cacherait pas comme
une trouillarde comme lors de sa première année où Siona Spencer, la mangemort,
avait été démasquée.
S'approchant
de son ami, laissant Tari dans les bras de Kritos…ça sentait la réconciliation
pour ces deux-là, ce qui faisait plaisir à la jeune femme, elle leva ses yeux
verts vers le demi-gobelin.
«Alors?
On fait quoi?»
«Il
nous faut une stratégie, on ne peut pas s'exposer comme ça dehors, sans être
préparés d'avance, si on ne trouve pas un moyen, hors de question de te laisser
venir avec moi.»
Chanty
tapa du pied avec humeur, ce qui n'eut pas l'air de perturber le grand roux.
«Je
suis une grande fille Défo, arrête de me materner, je ne suis plus une enfant.»
Quand
effectivement, il ne la regarderait plus comme une enfant? Probablement jamais
maintenant, elle se faisait une raison même si son cœur saignait de cette
constatation. Mais là, elle lui faisait face avec détermination et se concentra
plutôt sur une façon de capturer ce lycanthrope et ce ne serait sûrement pas
chose aisée.
D'un
commun accord, ils partirent s'asseoir par terre, dos contre le mur, afin de
discuter de leur stratégie. Mais la jeune femme était encore un peu sous le
choc et elle posa sa tête contre l'épaule de Défo en fermant les yeux quelques
secondes.
Son
père lui avait parlé maintes et maintes fois des lycans par le passé. Il
s'était même amusé à apprendre à sa fille à hurler comme un loup-garou. Des
heures et des heures, elle avait pratiqué ce hurlement, jusqu'au jour où,
voulant faire une blague à son père, un soir de pleine lune, elle sortit de sa
chambre en cachette et s'était cachée dehors. Croyant à une bonne blague, elle
avait hurlé comme il le lui avait enseigné. La porte de la maison s'était
ouverte à la volée et son père, baguette en main, s'était rué dehors, aux
aguets. Chanty s'était tout doucement glissée derrière lui et avait recommencé.
George s'était retourné à la vitesse de l'éclair et la fillette d'alors s'était
retrouvée avec le bout de la baguette de son père en plein visage, prête à
l'attaque.
Elle
se rappelait ce souvenir comme si c'était la veille et, même si elle avait 10
ans à l'époque, elle ressentait encore la rage de son père quand il l'avait
giflée, pour la prendre dans ses bras immédiatement quand elle s'était mise à
pleurer. Son petit bras passé autour du cou de son père, sa main se tenant la
joue, elle avait beaucoup regretté son geste stupide et son père avait presque
pleuré avec elle. Il n'avait jamais frappé sa fille chérie, ce fut d'ailleurs
la seule fois où il leva la main sur elle.
Mon
Dieu, comme le temps passait vite et ce soir, ce souvenir faisait remonter bien
des sentiments de l'époque.
Assis
à réfléchir à un plan, Deforaugue sentit Chanty à ses côtés et lui donna un
petit coup dans l'épaule pour l'encourager et pour qu'elle ne s'endorme pas.
Ouvrant les yeux, elle lui sourit afin de le rassurer quand elle vit la porte
s'ouvrir pour laisser passer encore quelques élèves inconnus de la jeune femme.
Ils vinrent tous s'asseoir près d'eux et le grand roux, le chef dès à présent,
prit la parole, après avoir demandé quelques volontaires à leur entreprise.
«Que
tous ceux qui maitrisent un sortilège de paralysie, stupéfix, chains ou vera
verto, si vous vous en sentez le courage, on va y aller. Les autres, il vous
faudra vous barricader, en déplaçant l'hôtel de duel devant la porte et tenir
au moins jusqu'au matin, où, là, nous ne craindrons plus rien. On peut mettre
en place un système de frappe sur la porte, trois coups signifiant d'ouvrir à
une personne de l'autre côté pour qu'elle puisse se mettre en sûreté.
On
va essayer de rassembler le maximum de personnes vers cette salle et de
rabattre le loup-garou…dans un piège.»
Enfin...
là, il avait plutôt l'impression de parler à un auditoire fatigué qui, comme
lui, n'avait pas l'habitude de faire des nuits blanches. Les élèves avaient
peur pour certains, d'autres étaient prêts pour la chasse. Déforaugue parlait
pour les rassurer, exposant son idée afin de minimiser les risques et ses
paroles firent effet. Chanty l'écoutait parler, maintenant bien réveillée et
vit Tari, kritos et deux autres élèves de 5ième année se joindre au groupe de
chasseurs en herbe.
Le
rouquin continua.
«Moi,
je maîtrise bien le *vera verto*, mais je suis une catastrophe avec *chain*, il
est un peu fort pour moi.»
Chanty ne s'inquiétait pas trop avec *vera Verto*, la métamorphose, c'est ce
qu'elle maîtrisait le mieux, mais elle n'avait jamais pourchassée un Lycan de
sa vie, n'en avait même jamais vu un avant ce soir, mais tous ensemble, elle avait
bon espoir qu'ils y parviendraient.
Une
chose lui revint à l'esprit à ce moment, et elle prit Déforaugue à part, où il
s'ensuivit une discussion à voix basse.
«Écoute,
j'ai aussi le sort réducto, ce qui peut peut-être servir en cas d'urgence, mais
je sens que tu ne dis pas tout, comment ce lycan est il entré dans l'école? Mon
avis est qu'il y était déjà, je me trompe???»
La
jeune fille regardait le jeune homme, pleine de questions sur son visage pâle
et dans ses yeux émeraude. Le rouquin la regardait avec un sourire, mais ce
sourire n'était pas joyeux. Il eut un petit soupir, semblant en savoir beaucoup
plus qu'il ne le disait. Mais elle avait deviné, il ne lui manquait que
quelques détails. Déforaugue finit par reprendre la parole.
«Bon,
Réducto peut être utile également, et on ne sera pas trop de deux à savoir si
on tombe sur un os. Il mit les mains dans ses poches, après avoir passé l'une
d'elle à la base de son cou, comme il le faisait toujours lorsqu'il était mal à
l'aise. Il détourna son regard vers la fenêtre, où la pleine lune était visible
et claire. Chanty parut quelques peu agacée par le demi-silence du jeune homme.
«Je
sais ce qu'est un lycan, Défo…» La jeune fille mit sa main gauche sur le bras
du rouquin. «…C'est la pleine lune ce soir, ce que je veux savoir, c'est qui.
Sûrement pas un jeune étudiant. À mon avis, il ne serait pas aussi énorme.»
La
rousse planta son regard dans celui du Gryffondor et le fixa, cherchant la
bonne réponse dans ses yeux aussi verts que les siens.
«C'est
un professeur, n'est-ce pas? Les seules personnes pouvant atteindre cette
taille seraient les professeurs Veldi ou Vanderas. Et tu as dis Raph........
plus tôt, alors.....c'est Raphael Vanderas? J'ai raison, n'est-ce pas?»
Chanty
termina en montrant les autres prêts à venir à la chasse au lycan.
«Défo,
regarde-les…» Elle montra les autres élèves beaucoup plus jeunes. «…Ils sont
terrorisés, même les plus vieux le sont, je ne suis peut-être qu'en troisième
année, mais j'ai 16 ans et on est les deux seuls qui pouvons les protéger au mieux
de notre capacité. Ils viennent avec nous sans savoir qui sait, ils te font
confiance. Alors, j'ai besoin de savoir, c'est un humain quand même et il ne
faut pas le tuer, même par erreur.»
Chanty
attendit, regardant toujours Défo dans les yeux. Celui-ci réagit vivement en
lui mettant la main sur la bouche.
«Chuuuttt
Chanty! Il ne faut pas que les gens sachent, seul merlin sait ce qui pourrait
lui arriver si on venait à le savoir! Il faut l'empêcher de mordre quelqu'un,
déjà que les griffures mettent trois mois à cicatriser…Tu comprends, n'est-ce
pas? Il ne faut pas le tuer.»
Chanty
mit sa main sur la sienne et l'abaissa doucement avec un petit sourire
exaspéré.
«Ne
t'inquiète pas Défo, je comprends très bien et je te promets de garder le
secret, ce n'est pas une chose dont on se vante, je comprends tout à fait.»
«Je
sais, mais je n'aime pas l'idée que tu viennes te mettre en danger avec moi
dehors.»
La
Gryffondor tapa du pied en guise de mécontentement et montrait au rouquin
qu'elle n'était plus une petite fille. Ok, ses vêtement médiévaux, qui la
faisait encore paraître plus petite qu'elle ne l'était, et son bras plus court
faisaient qu'elle avait l'air fragile, mais il en était tout autrement, il
devrait le savoir pourtant! Elle était
plus forte que ce qu'il voyait d'elle et elle l'aiderait à faire face quoi
qu'il arrive.
«Arrête
de me traiter en petite fille…» Montrant Tari et Kritos… «Tu n'as pas peur pour
eux, alors pourquoi moi? Je suis une grande fille, même si je ne suis qu'en
troisième année, tu as l'air d'oublier que j'ai 16 ans…un an de moins que
toi…presqu'à ma majorité, je te signale! Alors..! Que fait-on?»
La
rousse était décidé et, dans son visage, on pouvait y lire de la détermination
et...peut-être aussi...de l'excitation? Allez
savoir! Le grand roux…plus grand de deux têtes au moins… soupira et lui
sourit, d'un sourire forcé ou justement pas assez de force pour se disputer
avec son amie.
«J'ai
peur pour eux aussi, mais toi, ce n'est pas la même chose. D'accord, d'accord,
je cède, alors voilà ce que l'on va faire….»
Le
plan se montait peu à peu et Chanty sentait l'appréhension autant que la
fébrilité l'envahir. Il était convenu de trouver un filet, des armes en argent,
leurs baguettes, bien sûr, et l'arme secrète…Chanty, qui servirait d'appât. Déforaugue
expliqua le plan aux quatre autres personnes volontaires, qui était d'aller à
l'extérieur, de faire une zone sécurisée autour de la rouquine, eux cachés dans
les bosquets, puis une fois que le lycan serait assez près de la jeune femme,
de lui jeter le filet et de l'immobiliser avec les sorts chain ou autres qui ne
lui feraient pas de mal. Même si Vandéras était sanguinaire cette nuit, il n'en
était pas de même tout le temps, il était quand même leur professeur de magie
élémentaire après tout!
Heureusement qu'ils étaient dans la salle des
duels, là où les combats se faisaient. Il y avait tout l'attirail dont ils
auraient besoin, sauf les armes en argent. Oh! Il y avait bien quelques trucs,
deux couteaux à la lame d'argent, un arc avec seulement deux flèches, mais
complètement inutiles. Les deux 5ième année, Simon et Andréa, s'occupèrent de
sortir les armes. Un filet fut trouvé. Pas très grand, mais suffisamment pour
immobiliser le professeur Vandéras et ainsi pouvoir le maîtriser avec les
sorts. Les deux 5ième année prirent les
couteaux, Kritos, l'arc et les deux flèches, Déforaugue, le filet. Tari était
chargée de resté cachée, plus en retrait, afin d'aller chercher du secours au
cas où le plan ne se passerait pas comme ils l'avaient prévu, et Chanty n'avait
que sa baguette et son courage d'être l'appât. Voilà! Ils étaient prêts! Le
rouquin s'adressa au groupe.
«Ne
cherchez pas à jouer les héros, nous devons travailler ensemble et, surtout,
protéger Chanty, qui sera le centre de son attention. N'utilisez vos armes
qu'en cas de réel besoin, tenez vos baguettes prêtes et, une fois à
l'extérieur, je ne veux plus un mot, enlevez votre odeur en vous enduisant le
corps, le visage et les mains de terre. S'il sent la moindre odeur, il se
jettera sur vous! Toi aussi, Chanty, c'est bien de faire l'appât, mais il ne
faut pas qu'il te reniffle, sinon ça sera trop dangereux et je ne veux pas
qu'il t'arrive malheur! Nous allons jusqu'à l'orée de le forêt interdite, on a
plus de chance de le rencontrer dans cet endroit maintenant qu'il est dehors.»
La
rouquine acquiesça à sa demande, le cœur battant de le voir si inquiet pour
elle. Elle lui faisait une confiance totale, elle savait qu'il ne laisserait
rien lui arriver.
Maintenant
que le plan était au point, ils se dirigèrent tous vers la porte de la salle
des duels. Une fois dans la grande salle, Chanty constata que tout le monde
avait disparu, probablement retournés dans leur salle commune, en sécurité. On
les avait tout simplement oubliés. Ce n'était pas plus mal, ils ne se
frotteraient pas à l'obstacle des professeurs qui leur interdiraient sûrement
cette chasse au lycan. Ils étaient tous des élèves après tout, sauf Déforaugue
qui était maintenant un adulte. Ils traversèrent la grande salle, passèrent dans
le grand hall sans rencontrer personne, puis, armes à la main, ils se
faufilèrent en silence à l'extérieur.
Marchant
en groupe serré, ils se rendirent à la lisière de la forêt, passant par la
cabane d'Hagrid, le saule cogneur, qui était étrangement calme ce soir, puis
arrivèrent enfin à destination. La nuit était claire et aucun son, aucun chant
d’oiseaux nocturnes ne venait interrompre les pas du petit groupe.
Tous
et chacun avaient son rôle et quelque chose à faire. Tout d'abord, tout le
monde prit de la terre et mit un point d'honneur à enlever toute trace d'odeur
alléchante pour lycan.
Chanty
fit de même. Prenant des poignées généreuses, elle enduisit son visage, sa
lourde chevelure de feu, ses vêtements, sans égard pour l'exclusivité de sa
robe médiévale, et ses bras de terre. Elle avait une allure de clocharde mais
s'en souciait peu, sauf peut-être qu’elle ressentait une certaine gêne de jeune
fille désireuse de bien paraître devant le garçon qui lui plaisait, mais elle mit
sa coquetterie de côté. Ne voulant pas montrer son appréhension, elle se tourna
vers Kritos et Tari, ses amis, et leur fit un petit clin d'œil et une révérence
toute princière. C'était plutôt rigolo vu l'état de sa personne.
Tous
se ressemblaient maintenant, brun de terre, ils étaient difficilement repérables
dans la nuit, même avec la pleine lune qui brillait, et elle était macabrement
heureuse d'être la vedette de cette nuit sans nuage.
Le
groupe communiquait par geste et le capitaine de cette équipe de choc fit signe
à tous d'aller se cacher dans les bosquets, ce qu'ils firent tous. Une fois
tout le monde prêt à l'action, tapis dans l'ombre, Déforaugue vint doucement
près de la rouquine, demeurée seule au centre de leur zone de sauvetage. Car
oui, c'en était bel et ben un, le lycan avait besoin d'être capturé et soigné,
car à sa transformation, il serait dans un sale état. Défo se pencha pour
chuchoter à son oreille.
«Fais
attention, s'il s'approche de trop près, je veux que tu utilises ta baguette,
même si ce n'est pas tout à fait le moment, n'attends pas à la dernière minute.
Ne t'inquiète pas, on veille sur toi…JE veille sur toi!»
«Je
te fais confiance! Ne le laisse pas me transformer en lycan, d'accord?», fut-elle
capable de dire seulement.
Il
la prit dans ses bras, déjà bien fort pour un jeune adulte, et l'embrassa sur
le front malgré la terre qui le recouvrait.
«Tu
es très mignonne ainsi parée de la nature.»
Chanty
rougit violemment sous ce compliment inattendu, puis il partit prendre sa place
dans l'ombre d'un grand arbre, filet à la main, prêt à bondir au moindre signe
du lycan.
Cette
fois, elle y était. Plus d'échappatoire possible, elle devait faire face, là,
seule, à découvert. Elle ferma les yeux quelques minutes, tenta tant bien que
mal de maîtriser les battements trop rapides de son cœur, ouvrit les yeux et
regarda pour voir si tout le monde était prêt. Quand elle eut l’accord que tous
était parés à… *défendre son petit corps*…, la jeune fille se tint droite,
affichant une assurance qu'elle était loin de ressentir en ce moment.
La
Gryffondor leva les mains vers son visage, à la hauteur de sa bouche, les plaça
en porte-voix, mais les mains fermées de sorte que le cri ressemble à celui
d’un autre des semblables du lycan, et elle demeura un instant saisie. Elle
ferma les yeux, respirant profondément, se concentra et se mit à imiter l’appel
du lycan.
Le
cri commença sourdement, ses mains étant fermées, elle les ouvrit graduellement
de sorte que son cri devint une sourde complainte à la lune.
«AAAAOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!»
Ses
gestes suivant le chant, Chanty se penchait légèrement en avant en relevant la
tête vers la lune qui brillait encore à l’horizon.
«AAAAOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!»
Son
cri résonna dans l’obscurité de l’aube prête à se lever. Ses deux « AAAAOOOOOUUUUU
! » résonnèrent en écho si bien que la plupart des lieux avoisinants l’endroit
où ils étaient en furent auditeurs.
Quelques
minutes plus tard, un cri brisa le silence, un hurlement semblable à ceux
qu’avait poussés la Gryffondor venait de retentir. Ce dernier était mille fois
plus réaliste que ceux de la jeune fille.
Puis, un froissement de feuilles, des branches qui craquent se firent
entendre, de plus en plus fort et à une vitesse folle. C'était effrayant. Il
arrivait! Oh! Mon Dieu! Donne-moi le courage de rester sur place!, priait la
jeune femme. Son état d'esprit était tel que sa chevelure flamme se mit à
noircir et ses émeraudes devinrent d'un gris acier.
Comme
tout bon plan le mieux préparé du monde…tout ne se passa pas comme prévu. Le
lycanthrope sortit de nulle part, derrière la rouquine, qui se retourna d'un
trait, trop vite. L'animal la vit et, sans hésiter, tel un missile, se rua sur
elle. Paralysée de peur, ses billes agrandies d'horreur, Chanty ne réussit pas
à faire le moindre geste, ni pour se sauver comme Défo le lui avait conseillé,
ni pour prendre sa baguette pour se défendre. Elle était pétrifiée sur place!
La bête allait la mordre…elle allait devenir lycan…s'il ne la tuait pas avant!
Elle ferma les yeux, sa dernière pensée fut qu'elle serait affreuse en lycan.
Ses
aciers fermés, elle ne vit pas la suite des événements, mais elle entendit un
cri derrière l'arbre où s'était caché le rouquin. Elle ouvrit les yeux au
moment où elle vit le filet s'abattre sur l'animal. Mais il était trop proche
d'elle! Il s'emmêla dans les maillons, perdit l'équilibre et tomba, emportant
avec lui la Gryffondor. On entendit un *crack*, une plainte étouffée, puis
l'équipe sortit de l'ombre. Des éclairs bleus et rouges se firent voir et des
sorts fusèrent d'elle ne savait où, mais ce fut le *stupéfix* entendu qui
acheva de maîtriser le lycan, paralysé au sol, le corps de la rouquine sous
lui.
Kritos,
Tari, Simon, Andréa et Défo se mirent ensemble pour enlever la bête de sur la
jeune femme, mais elle était vraiment trop lourde. Sous la masse, Chanty ne
disait mot, encore sous le choc.
Déforaugue
avait un visage fermé, signe qu'il n'était pas du tout content, ce qui augurait
mal pour la rousse coincée.
«Nous
allons essayer de la soulever avec des *Windgardium leviosa*. Pas sûr que cela
fonctionne, mais il faut essayer.
Le
groupe prit ses baguettes, mais au moment où ils allaient s'y mettre, une voix
tonitruante déchira le silence de la nuit.
«Mais
que diable faites-vous ici? Vous ne savez pas que…»
C'était
Hagrid, s'apprêtant à leur passer le savon de leur vie, il vit enfin le lycan
au sol.
«Par
la barbe de merlin! Vous l'avez capturé!»
Le
demi-géant se tenait là, ébahi, contemplant les élèves intrépides et
inconscients. Puis, il vit au sol quelque chose de bizarre, comme du tissu
déchiré, sans comprendre la réalité de la situation.
Déforaugue
se rua sur le colosse.
«Hagrid!
Vite, Chanty est coincée sous le lycan.»
Aussitôt
dit, aussitôt fait. Avec un juron étouffé, le gardien des clés de Poudlard
s'approcha et prit carrément l'animal sous son bras, sans aucun effort
apparent, sous les yeux impressionnés des élèves. Ils su ruèrent tous sur la
jeune femme demeurée au sol, pour l'aider à se relever, s'enquérant de son
état. Une fois debout, Chanty ouvrit enfin les yeux, étonnée d'être encore en
vie, reconnaissante à ses amis de l'aider. Elle épousseta sa robe, qui en avait
pris pour son grade, du revers de sa main droite, la gauche camouflée dans la
manche de celle-ci. Elle était déchirée, découvrant sa cuisse droite en entier,
et également le corset, qui s'était relâché, les cordons ayant cassés, montrant
plus qu'il ne camouflait sa poitrine généreuse.
«Merci!
Je vais bien. »
Déforaugue
s'approcha à ce moment-là et la regardait d'un œil sévère. La rouquine baissa
aussitôt la tête, attendant l'orage qui ne tarda pas à venir.
«Non,
mais t'es folle! Je t'avais dit de ne pas le laisser approcher de trop près, tu
as failli perdre la vie!» Le ton était bas, mais tranchant. Enfin, il la prit
dans ses bras avec un soupir de soulagement.
«Je…je
suis…désolée…j'ai figé…» Elle se laissa prendre dans l'étau des bras du
rouquin, passant le sien autour de sa taille, le cœur battant la chamade,
soulagée, elle aussi, que ce soit fini. Ils s'en étaient tous sortis indemnes.
Après
une effusion de tape dans le dos commune entre le groupe finalement vainqueur,
Hagrid mit fin aux félicitations.
«Bon,
je vais amener le professeur à l'hôpital» , constatant qu'il venait de gaffer
encore une fois…«Hum! Je n'aurais pas dû dire ça, moi. Rhumm! Rentrez dans
l'école et allez dans votre salle commune. Une douche et du repos ne vous
seront pas de trop. Allez!…Pas de discussion! Je ne veux plus voir personne
dehors à cette heure de la nuit!»
Le
petit groupe acquiesça docilement, les deux rouquins enlacés également. Se
séparant du grand roux, Chanty regarda sa robe.
«Mince!
Elle est fichue maintenant, je suis dans un sale état!»
«Moi,
je te trouve très jolie»
Le
cœur de la jeune femme rata un battement, rougissant. Puis, Défo lui porta le
coup de grâce.
«Je
te laisse rentrer avec les autres, je cours voir si Miadalla va bien.»
Il
se retourna et partit sans attendre le groupe, pressé et inquiet pour la
blonde.
Cette
fois, c'était la croisée du chemin! La mine triste, elle ferma la porte de son
amour pour Défo et tourna la clé à double tour. Il ne l'aimerait jamais! Il n'y
avait que Miadalla dans son cœur. Il lui fallait tourner la page et se diriger
vers l'autre chemin, celui où le rouquin ne marchait pas à ses côtés. Avec un
soupir, elle le regarda disparaître dans la nuit, lui disant adieu d'une
certaine façon. Elle se tourna vers Tari et Kritos, qui vinrent vers elle,
anxieux qu'elle ne bouge toujours pas.
«Chanty,
tu vas bien? Viens, on retourne dans notre salle commune.», dit Tari,
doucement, un peu inquiète pour son amie.
«Non…Vous
pouvez m'aider à marcher? J'ai besoin d'aller à l'infirmerie.»
Se
disant, elle essaya de marcher toute seule, mais un cri de douleur s'échappa de
ses lèvres. Elle s'était foulé une cheville lorsqu'elle s'était retournée. La
rousse serait tombée si ses deux amis ne l'avaient retenue chacun par un bras,
ce qui arracha une autre plainte à la rouquine. Elle sortit alors son petit
bras de sous sa manche. Il était cassé et tordu, brisé par le lycan qui était
tombé sur elle!
Le
trio suivit le sentier menant au château, distancé par les deux 5ième année qui
avaient pris les devants.
La
nuit avait été dure, de bien des façons. Chanty aspirait à des soins, à une
bonne douche, et à sombrer dans un sommeil qui lui apporterait, elle
l'espérait, l'oubli!
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