Noël:
Le temps s'écoulait lentement, Chanty venait d'avoir 16 ans
et Noël approchait à grands pas. Sa mère lui avait écrit et, bien sûr, elle lui
avait envoyé un paquet cadeau avec, à l’intérieur, une sublime robe de bal.
*Ah! Elle a eu vent du bal de Noël à ce que je vois !*
La rouquine était assise sur son lit du dortoir des filles
de Gryffondor et ouvrit le paquet. Ce qu'elle trouva à l'intérieur la ravit.
Était couchée sur un lit de feuille de soie, une splendide robe de soirée de
style bustier, bleu royal. La rouquine eut un soupir de bonheur, passant ses
doigts caressants sur le tissu diaphane, et eut une petite exclamation ravie en
voyant la très large ceinture de tissu doré. Sa mère avait le chic pour la
rendre jolie et Chanty lui en fut infiniment reconnaissante. Elle avait même
fait fabriquer une jolie paire de ballerines assorties à sa magnifique tenue,
digne des plus belles princesses de ce monde. Presque religieusement, elle
sortit le tout qu'elle rangea soigneusement dans sa petite penderie personnelle,
et referma la porte, un sourire aux lèvres. Ne lui restait qu'à se trouver un
cavalier pour la fête de Noël.
Tari entra dans le dortoir avec, elle aussi, un paquet sous
le bras. Comme Chanty précédemment, elle ouvrit son paquet, qui contenait une
jolie robe rose à frou-frou avec les chaussures qui complétaient le tout.
«Regarde, ma mère l'a achetée pour le bal de Noël, elle est
belle n'est-ce pas?», dit-elle avec un air rêveur.
La rouquine sourit, heureuse pour son amie, et répliqua,
tout en ouvrant les portes de son placard :
«Elle est magnifique en effet. Ma mère aussi m'a envoyée une
tenue, par contre, c'est elle qui l'a fabriquée… Kritos t'as invitée pour le
bal?»
Avec une petite moue, Tari répondit mi-figue mi-raisin.
«Si, nous y allons tous les deux.»
«Je me trompe ou tu n'es pas très enchantée d'y aller avec
lui…ça ne va pas vous deux?»
«Nous nous disputons de plus en plus, tu sais, on essaie
bien de recoller les pots cassés, mais…enfin! Je crois que…plus ça va, moins on
a envie de passer du temps ensemble et, quand on y est, la plupart du temps,
cela se termine par une dispute.»
Chanty vint s'assoir sur le lit de son amie et prit ses
mains dans les siennes.
«Oh! Tari! Tu m'en vois désolée. J'avais bien remarqué à la
rentrée que ça n'allait pas fort entre vous, mais j'étais loin d'imaginer que
c'était à ce point-là! Peut-être que le bal sera un renouveau pour vous deux,
tu sais, avec la magie de Noël!»
Elle ne savait pas trop quoi lui dire pour lui redonner le
sourire. Elle-même n'avait encore jamais eu de petit ami, alors donner des
conseils n'était pas trop de son ressort. Elle fit une accolade à la demi-elfe
et celle-ci s'enquit aussitôt avec un petit clin d'œil taquin, oubliant ses
propres soucis.
«Et toi? Tu y vas avec quelqu'un? Un garçon t'as déjà invitée
peut-être?»
La Gryffondor haussa les épaules.
«Non, pas encore, mais il reste encore quelques semaines
quand même, j'ai bon espoir qu'un gentil prince m'emporte à ce bal sur son
cheval blanc.»
Un rire doux et grave accompagna sa tirade chevaleresque et
faussement naïve. C'était son premier bal et elle était tout excitée à cette
idée, espérant un cavalier qui la ferait danser et avec qui elle aurait des
affinités et qui, peut-être, pourrait devenir aussi un gentil petit ami.
Chanty avait 16 ans et elle n'avait jamais eu d'histoire de
cœur, trop prise par ses études moldues, qu'elle avait désiré terminer avant de
venir dans ce monde magique. Elle ne le regrettait pas oh! Non! Mais, cela
l'avait rendue un peu solitaire et peut-être aussi un peu retardée dans ses
relations humaines. Par certains côtés, elle était très mature, mais de
l'autre, elle demeurait tout de même très naïve pour son âge.
Les deux jeunes filles papotèrent ainsi durant un temps indéterminé,
toutes à la joie de cette fête, rêvant de féérie magique. Elles finirent par se
coucher, mais discutèrent encore un bon bout de temps. Les autres filles, exaspérées, grognèrent et
elles se turent enfin pour sombrer dans un sommeil profond.
Plus le temps avançait, plus les couples se formaient en
prévision du bal de Noël, et Chanty n'avait encore reçu aucune invitation. La
joie qu'elle avait s'estompait peu à peu au fil du temps qui passait. Un soir, alors
qu’ils étaient tous réunis dans la grande salle, elle fit le tour des garçons
qu'elle connaissait. Chez les Gryffondors, il y avait Benjamin, son préfet. Il
allait au bal avec sa petite amie Cassandra, Kritos était avec Tari, qui
semblaient se disputer, encore discrètement, les autres étaient sans intérêt,
trop jeunes ou déjà accompagnés. Elle jeta alors un regard vers Miadalla. Elle
aussi avait son cavalier…Déforaugue, bien évidemment. Elle lui avait également
montrer sa robe et, malgré le pincement au cœur, elle avait félicité la petite
blonde.
Avec un soupir, elle regarda à la table des Poufsouffle.
Étrangement, elle ne connaissait personne, Ah! Oui! Une en fait, Émilia, la
petite amie de Tabris. Son regard bifurqua alors sur la table des Serpentard.
Tabris…Hum! Non! Certainement pas, même s'il avait été tout seul…Thybalt non
plus, trop jeune, trop détestable, trop de compétition entre eux.
Instinctivement, elle cacha son bras plus court sous la table. Elle s'en était
fait un complexe depuis son altercation avec le polack. Satanel? Non, il ne la regardait même pas
alors…Et enfin, Leroy. Celui-ci se leva soudain de sa table, comme s'il avait
senti son regard sur lui, et se dirigea vers la table des Gryffondor. Avec un
petit bon de son cœur, Chanty le vit s'asseoir à ses côtés. Elle rougit de la
boutade qu'il lui donna gentiment, et une discussion s'ensuivit. Peut-être que
lui l'inviterait…se dit-elle avec un léger tiraillement dans son bas ventre.
«Alors, Chanty, quoi de neuf? Tes cours se passent bien?»
«Hum hum! Très bien même, je crois que s'il y avait des
cours avancés, j'y participerais, je m'ennuie un peu, mais je ne me plains pas,
je réussis bien. Et toi? Tout va comme tu veux?»
«Mouais, tu le sais bien, les Serpentards sont les
meilleurs…»
Apparemment, il était dans sa passe hautaine. Leroy avait
plusieurs facettes de sa personnalité. Tantôt amical et jovial, tantôt hautain
et même un peu dédaigneux des autres. Mais Chanty commençait à le connaître et
ne se formalisait plus de ces détails. Il était comme ça et c'est tout. Mais il
n'était jamais très méchant avec elle et, peu à peu, elle apprivoisait le grand
blond. Ils discutaient depuis un bon moment déjà, et la rouquine n'avait
toujours pas eu d'invitation. Gênée, regardant son verre de jus de citrouille,
elle finit par aborder le sujet presque timidement.
«Heu! Tu vas au bal de Noël Leroy?»
«Pour sûr que j'y vais, j'ai même une cavalière, tu la vois
là-bas, à ma table? C'est Selenka! Et toi, tu viendras aussi? Tu as un
cavalier?»
«Heu! …N…on, je n'ai pas de cavalier.» Rougissante, proche
du cramoisi, honteuse, elle avait baissée la tête, cachant son visage de sa
tignasse rousse. Le Serpentard se leva en riant, inconscient de la tristesse
qui avait envahi son amie, et lui ébouriffa les cheveux, comme à une gamine.
«Bah! Va sûrement y avoir un beau garçon boutonneux pour te
conduire au bal, va! Ne t'inquiète pas. Allez, je retourne à ma table. A plus,
Gryffondor!»
La rouquine le regarda partir et le suivit des yeux jusqu'à
ce qu'elle le vit se pencher sur la jeune porcelaine qu'était Selenka, cette
petite beauté russe, froide et mesquine qu'elle n'aimait pas. Apparemment, la
Gryffondor était trop handicapée pour plaire à un garçon, autre qu'un gamin
sans intérêt selon Leroy. Du moins, c'est ce qu'elle s'imaginait! Son regard
fut attiré vers la table des Serdeigle, sur Samboléro mais, tristement, la
jeune fille se souvint qu'il ne serait pas là, il allait dans sa famille durant
les vacances.
Le grand jour arriva enfin! Tous étaient fébriles et avaient
hâte de prendre le train, afin de se rendre dans la région boréale, où se
donnaient les festivités et le bal de Noël. Dans la tour des Gryffondor, plus
spécialement dans le dortoir des filles, une ambiance exaltée régnait. Les
filles piaillaient et tournoyaient dans leurs jolies robes, sauf Chanty. Elle
était devant la glace de sa penderie, habillée, maquillée et prête pour une
soirée de rêve…en solitaire. Elle était magnifique pourtant dans sa robe. La
couleur faisant ressortir sa lourde chevelure rousse, la large ceinture de
tissu, qui descendait en une traine derrière, cintrait sa taille amincie et le
bustier de sa robe mettait en valeur sa poitrine généreuse. Le seul hic était
l'air triste de la rouquine dans la glace. Personne ne l'avait invitée et elle
serait seule parmi les couples joyeux. Tari vint sautiller près d'elle et la
Gryffondor, ne désirant pas qu'on la voit triste et déconfite, accrocha un sourire
sur ses lèvres et feignit la joie de vivre.
«Tarii! Tu es sublime dans cette robe. Elle te va à ravir!»
«Merci Chanty, et toi, tu es une vraie femme du monde! Tu es
prête? J'ai hâte d'y être!»
«Bah! Les femmes du monde, ça a bien l'air qu'elles vont au
bal toute seules», se dit la rouquine. Bien sûr, rien de ses pensées ne
transparaissait sur son visage faussement joyeux. Elle se détourna du miroir et
prit une résolution. Tant pis! Elle irait toute seule et s'amuserait. Elle
n'avait pas besoin d'un cavalier, elle était une grande fille après tout. De
plus, elle ne serait sûrement pas la seule à ne pas être accompagnée, du moins,
elle l'espérait. La *loose*, si c'était le cas…
L'heure était venue de partir et les filles sortirent du
dortoir pour retrouver leurscavalier respectif. Chanty les laissa toutes sortir
et referma la porte derrière elle. Le train les attendait.
Noël 2010 |
Le voyage en train se passa sans heurts. Le brouhaha et les
discussions allaient bon train, mais Chanty restait silencieuse. En fait, elle
s'était pris de la lecture. Elle n'était pas
fan des BDs, mais Mythes &
Légendes l'avait accrochée dès le premier chapitre et elle attendait les
nouvelles parutions avec impatience, harcelant presque sa mère de la lui
envoyer dès sa sortie. Oui, parce que M&L était une BD moldue, quelle surprise
si l'auteur apprenait que les vampires et les Loup-garou et autres créatures
mythiques existaient vraiment! Cette simple pensée la fit sourire en tournant
la dernière page. Elle finit par refermer le livre avec un petit sourire en
coin, pour s'apercevoir qu'ils étaient arrivés à bon port. Elle regarda autour
et vit que tous ses amis étaient déjà sortis du train, l'ayant oubliée avec sa
BD. Elle sourit et rangea celle-ci dans son petit sac à main magique, et sortit
du train, refermant son manteau d'hiver et attachant son foulard frileusement
malgré le temps quand même assez doux de cette belle journée d'hiver.
http://www.amilova.com/fr/BD-manga/9176/mythes-et-l%C3%A9gendes/chapitre-16/page-1.html
Posant le pied à terre, elle eut tôt fait de voir que la
navette était déjà partie avec une flopée d'élèves excités par la fête qu'on
avait préparée pour l'occasion. Haussant les épaules, la rouquine se dit
simplement qu'elle attendrait la prochaine. Le train repartit et la Gryffondor
se retrouva seule parmi les inconnus de la gare boréale. N'étant pas de nature
inquiète, elle s'approcha d'un banc pour s'y asseoir à côté d'un jeune homme
qu'elle ne reconnut pas de prime abord. Lorsqu'il tourna la tête vers elle,
elle reconnut Satanel Sadam, un Serpentard à la beauté sombre, cheveux longs
noir et rouge et un air de mauvais garçon.
«Bonjour, Satanel,
n'est-ce pas? Je suis Chanty, tu me reconnais? On a des cours ensemble». Il fit
signe que oui.
Son visage ne semblait pas froid. Mais perturbé... Quelque
chose avait dû se passer pour lui. Il la détailla des pieds à la tête et la
jeune femme rougit de cette inspection qui eut l'air, par contre, d'avoir
l'appréciation du jeune homme. Il prit alors la parole.
« Tu vas au bal, je présume ? », l’interrogea-t-il en
plongeant ses pupilles mauves dans les émeraudes de Chanty.
«Oui, en effet, je m'en vais au bal...s’il y a une autre
navette bien sûr, sinon je devrai m'y rendre à pieds…enfin, si je trouve le
chemin et ne me perds pas en route, je risque de me retrouver à danser avec des
fantômes, des gobelins ou encore perdue dans la neige, on va me retrouver en un
gros bloc de glace.
La jeune fille voyait bien que quelque chose tracassait le
jeune homme et elle essayait, assez maladroitement, de lui changer les
idées...Quoique...avec sa chance légendaire, cela pourrait bien arriver pour de
vrai. Satanel ne sembla pas surpris de sa destination, mais après tout, quoi de
plus normal, il devait bien être là pour les même raisons, du moins, c'est ce
que supposait la rouquine. Il sourit d'une étrange façon, qui mit Chanty assez
mal à l'aise, un sourire ironique mêlé
d'une certaine noirceur qu'elle ne sut analyser sur le coup. Le Serpentard
avait tourné son regard vers le ciel, regardant les flocons qui tombaient
doucement, avant de se retourner vers elle une autre fois, un sourire en coin.
« Au moins, dis-toi que l'on saura à peu près où se trouve
ton corps, vu que nous nous serons croisés ici.. Il est vrai que l'endroit est
très mal indiqué et que s'y perdre n'est pas chose difficile...»
Il avait continué, plus sérieusement sans doute, du moins c’est ce que pensa la jeune femme, ses réflexions.
Satanel montrait là un certain pessimisme, peut-être parce que la jeune fille était de Gryffondor ? Parce qu'il la croyait trop naïve pour se sortir seule d'un endroit comme celui-ci? Qui sait...
Son regard se fit plus persistant tout à coup et il lui demanda abruptement.
Il avait continué, plus sérieusement sans doute, du moins c’est ce que pensa la jeune femme, ses réflexions.
Satanel montrait là un certain pessimisme, peut-être parce que la jeune fille était de Gryffondor ? Parce qu'il la croyait trop naïve pour se sortir seule d'un endroit comme celui-ci? Qui sait...
Son regard se fit plus persistant tout à coup et il lui demanda abruptement.
«Pourquoi tu es seule? Tu n'es tu pas venue avec ton
cavalier ? Du moins, si tu en as un, cela va de soi...», fit-il sans gêne
aucune.
Chanty éclata de rire aux dires du jeune Serpentard. Elle le
regarda attentivement au risque de paraître impolie; elle trouvait ce jeune
homme intéressant. D'allure taciturne, il pouvait quand même avoir un humour
très fin.
«Merci beaucoup, je suis en sécurité avec toi (rire grave et
chaud), mais je suis réputée pour mon humeur joyeuse et non pour mon
intelligence. Et non, je n'ai pas de cavalier, je suis trop…étrange pour ces
messieurs ça a bien l'air…»
La Gryffondor riait d'elle-même avec modestie.
«…et tant que je ne tombe pas sur quelqu'un de mal
intentionné, même perdue, cet endroit doit être magnifique!»
La jeune fille sourit quand même un peu tristement en pensant
aux autres qui, pour la plupart, étaient accompagnés ou avaient déjà un petit
ami. Elle haussa les épaules, ce qui fit se réveiller son oiseau
confortablement niché dans son cou. Elle le caressa doucement tout en demandant
au mystérieux jeune homme :
«Et toi? Tu en arrives du bal, ou tu en repars?»
La jeune fille était un peu curieuse, un trait de son
caractère, mais elle avouait humblement que cela ne plaisait pas à tout le
monde. Pourtant, son naturel chaleureux sembla plutôt le faire sourire, oh!
Certes, un pâle sourire, mais c'en était tout de même un. Il eut même un
sourire malicieux à l'une de ses paroles. Il se pencha sur la rouquine et
susurra, mielleux :
«De mal intentionné... certes, mais qui te dit que la
personne qui se trouve en face de toi ne l'est pas ?...
Sa voix suave semblait avoir pris exprès une teinte
légèrement menaçante... Chanty sourit d'un sourire radieux à Satanel, elle
n'était pas dupe, il ne voulait pas lui faire de mal, elle le sentait et,
d'habitude, elle pouvait se fier à son instinct qui ne la trompait que très
rarement.
Le regard du jeune homme se fit de même, puis il reprit une
distance normale sur le banc et s'accorda un doux rire. Sans doute avait-il
voulu lui faire une peur et observer sa réaction. Il finit par répondre à sa
dernière question, regardant de nouveau vers le ciel.
«Oh non, je n'en reviens pas... A vrai dire, je ne sais même
pas pourquoi je suis venu ici...»
Il semblait plutôt amer pour un jeune homme de son âge, la
quinzaine, comme elle. Il continua sur sa lancée.
«Ça ne m'intéresse pas à vrai dire... Sûrement est-ce trop
futile à mon goût...
«Futile? En voilà des paroles de vieil homme! Mais j'avoue
que je peux comprendre. Je me suis demandé moi-même si j'irais vu que je suis
seule, mais j'avais déjà fait faire une robe par ma mère, ça aurait été dommage
de ne pas la porter»
«En effet, il eut été dommage de ne pas se montrer avec une
si jolie robe. Tu te feras certainement inviter à danser durant la soirée, moi
je reprends le train pour aller…ailleurs.»
Un souffle de vent passa, qui lui donna des frissons et balaya
des mèches de ses cheveux roux au visage du jeune homme. Elle s'excusa en
ramenant sa chevelure vers elle, mais il avait eu le temps de s'emparer d'une
de ses mèches et de la porter à ses lèvres. La Gryffondor rougit de ce simple
geste, mais ne dit rien, la navette arrivait et elle n'eut plus l'occasion de
répondre à sa dernière parole. Elle se leva debout, resserra son manteau et se
tourna vers Satanel une dernière fois.
«Je te souhaite un joyeux Noël Satanel, on se revoit en
cours.»
«Au revoir Chanty, danse bien pour moi»
Ce fut la première et dernière fois qu'elle eut une
conversation avec le Serpentard, elle apprit plus tard qu'il s'était suicidé.
***
Dans la navette se trouvait déjà l'infirmière de l'école,
qui accompagnait les élèves jusqu'à la fête de Noël, histoire qu'ils ne fassent
pas de bêtise en chemin. Chanty s'assied à ses côtés. En fait, elle était la
dernière à prendre la navette. L'infirmière lui sourit, indulgente.
«Ça va, Chanty? Je me demandais où tu étais passée, si tu ne
t'étais pas mise en tête de partir à pieds.»
«Oh! Non, je me suis un peu trop attardée en sortant du
train.» Hésitante, elle changea abruptement de sujet.
«Mademoiselle, je me demandais…heu!...vous savez, mon
bras…je me demandais si…s'il y avait une possibilité pour moi de…»
«De faire repousser ton bras?», finit-elle à la place de la
rouquine.
Chanty eut un air surpris. Elle n'aurait jamais pensé que
l'infirmière pouvait savoir, pouvait même se douter que la Gryffondor était
complexée de son bras depuis son altercation avec ce stupide Serpentard
prétentieux.
«Heu! Oui, c'est cela…dites-moi, est-ce possible?»
«Oui, c'est possible, mais c'est très douloureux et ce n'est
tout de même pas certain. Le mieux que tu as à faire, c'est d'aller voir le
médicomage de l'hôpital, il t'examinera et pourra te dire si oui ou non c'est
possible.» Le ton de sa voix était plutôt rassurant, même si la réponse n'était
pas à 100% favorable.
«D'accord, j'irai le voir…»
Elle n'en dit pas plus, mais elle espérait sincèrement que
ce fut possible. Vivre une vie normale était son seul souhait. Le reste du
trajet se fit dans le silence le plus complet, mais sans malaise. La neige
tombait et, plus ils avançaient, plus le temps changeait étrangement. Il
faisait de plus en plus chaud et, pourtant, la neige, la glace, tout était
toujours aussi gelé et blanc. C'était ça le monde magique, la féérie de l'hiver
avec une température permettant d'être à l'aise sans être habillé de son
manteau d'hiver. Chanty l'enleva et le rangea dans son petit sac à main
magique, ainsi que son écharpe et ses gants.
Elles étaient enfin arrivées et son accompagnatrice avait eu
le tact de ne pas lui demander si elle était accompagnée. Il était clair pour
tout le monde savait maintenant que Chanty était seule pour la soirée.
Descendant de la navette, l'infirmière lui souhaita une bonne soirée et
s'éclipsa pour retrouver les professeurs de Poudlard et d'autres adultes que la
rouquine ne connaissait pas. Mais elle ne le vit pas, tout à son émerveillement
de voir le spectacle qui se déroulait devant elle.
C'était le soir, le ciel était chargé de nuage où tombaient
de gros flocons de neige, mais ils n'atteignaient pas la zone de fête,
semblaient stoppés par un charme magique, faisant un dôme sur la zone. Des
petites fioles renfermant multitudes de lumières de toutes les couleurs,
flottaient dans l'air ambiant, ainsi que des décorations de Noël. Au centre de
la place trônait un immense sapin décoré, illuminé, et rempli de cadeaux,
reposant sous sa jupe et où semblait y sortir la musique de la soirée. Presque
tout Poudlard s'y trouvait mais aussi, ce qui sembla à la Gryffondor, le
ministère également. La rouquine s'avança, vraiment impressionnée par tout ce
qu'elle découvrait, et se dirigea vers la foule dansante.
Elle fit le tour de ses amis, discutant par ci par là avec
les uns et les autres et termina avec Tari et Kritos. Mais elle ne resta pas
très longtemps avec eux, ils se disputaient…encore, et Chanty, mal à l'aise,
finit par les laisser seuls.
Elle se résolut en fait à aller plus loin. La fête battait
son plein et tous ses amis s'amusaient et dansaient. Elle les regarda un long
moment et finit par s'asseoir sur une chaise, un peu lasse. Elle n'aurait pas dû venir, elle
s'en rendait compte maintenant, elle était seule et même si ses amis l'intégraient
dans leur groupe, ils étaient en couple et eurent tôt fait de tous disparaître
dans des coins plus tranquilles. Elle avait bien cherché Déforaugue, mais
apparemment, il n'était pas de la fête. Elle soupira. Vraiment, ce n'était pas
son soir!
Aussi, la rouquine plongea la main dans sa chevelure et en ressortit
avec Inis, qui était bien au chaud. Le posant sur ses doigts, elle le caressa
doucement et lui fit faire quelques exercices, qu'il effectua avec adresse.
Elle lui avait enseigné à réagir à deux petites musiques, sifflée selon la
gravité de l'envoi de lettre, l'un était pour les urgences et l'autre pour les
envois normaux. Son petit perroquet était bon, il avait compris ce que voulait
lui enseigner Chanty et elle était contente de son petit oiseau. Il avait frôlé
la mort, mais il s'en était sorti.
La soirée avançait et la rouquine en avait vraiment marre
d'être seule. Elle se leva de son siège, Inis retourné contre son cou protégé
de son abondante chevelure flamme, et se mit à la recherche de l'infirmière,
pour lui demander de faire venir la navette qu'elle quitte au plus vite cette
fête mortelle. Elle la chercha une bonne dizaine de minutes sans la trouver et
son humeur commençait à s'en ressentir sérieusement. Elle se retourna d'un bond
afin de partir à la recherche de quelqu'un qui consentirait à la transplaner
ailleurs qu'ici, lorsqu'elle se prit le pied dans un trou qu'elle n'avait pas
vu. Elle se tordit la cheville et faillit tomber si ce n'était d'un obstacle
rencontré avant qu'elle ne tombe au sol. Son cri de douleur fut bref et la
surprise marqua son visage.
«Holà! Gente dame, faut regarder où vous marchez!», dit la
voix d'homme.
«Bah! Ouais, dites que je l'ai fait exprès!» La colère se
percevait dans la voix de Chanty, son caractère de feu en éruption.
L'homme éclata de rire et répliqua, peu impressionné par son
caractère explosif, «Par le slip de Merlin, c'est qu'on est une vrai tigresse!»
La rouquine leva alors un regard furibond vers le jeune
homme qui la tenait dans ses bras. Il était assez grand et bien bâti, les yeux
noisettes et une chevelure longue et brune, qui brillait sous les lumières
colorées de la place. Il était habillé, comme elle, à la manière moldue, très
classe sans être d'un chic extra. Il était bel homme, car oui, c'était un jeune
adulte, environ une vingtaine d'années pas plus. Aussitôt, elle se calma. Elle
était plutôt confuse et sa cheville enflée lui faisait mal maintenant, trop
serrée dans son soulier. Celui-ci sembla d'ailleurs se rendre compte de la
situation et de la douleur de la Gryffondor et, aussitôt, il souleva la
rouquine dans ses bras pour la porter vers un siège, sous les gesticulations
outrées de la jeune femme.
«Non, mais vous allez me poser par terre, je ne suis pas
impotente que je sache!»
«Calmez-vous, mademoiselle la furie, je veux juste regarder
votre cheville, pas vous agresser»
Chanty se calma de nouveau, confuse et désolée de son propre
comportement. Une fois assise, elle remercia le jeune homme, gênée et rouge
comme une pivoine.
«Pardon, je suis impolie, mais la soirée a été éprouvante!»
«Ne vous en faites pas, pour moi aussi, elle n'a pas été ce
qu'elle aurait dû être. Je me présente, Hugo Luchador, pour vous servir. Mademoiselle?»
Il s'inclina devant elle avec un sourire malicieux et la
rouquine fit de même. «Chanty Bopassant. Enchantée, Monsieur Luchador.»
«Hugo…appelez-moi Hugo, vous semblez blessée, laissez-moi
regarder cela.» Il s’empressa de l’examiner avec douceur. Il prit sa cheville,
souriant devant la grimace de douleur de la jeune femme, prit sa baguette et
lui lança un sort de soin. Immédiatement, la douleur diminua et l'enflure
également.
«Merci beaucoup, je suis désolée de vous avoir bousculé, je
suis très maladroite.»
«Mais soyez maladroite quand vous voulez tout près de moi,
mademoiselle»
Chanty rougit de plus belle, elle n'était pas habituée à
tant de compliments, déguisés ou pas. Elle garda la tête baissée, mais un petit
sourire traînait sur ses lèvres. Ils discutèrent ainsi encore une bonne heure.
La soirée tirait finalement à sa fin et, lorsqu'il fut le temps de partir, Hugo
l'accompagna dans la navette, puis dans le train, aussi loin qu'il lui était
permis de le faire. Ils se dirent au revoir avec promesse de s'écrire.
Une fois revenue à Poudlard, elle fut soignée pour sa cheville
par l'infirmière et, lorsqu'elle fut au lit, dans son dortoir, elle se dit que,
finalement, cette soirée de Noël ne s'était pas si mal passée après tout.